Alors que Facebook persévère, Twitter, lui, fait machine arrière. Et plutôt que de fact-checker les publicités à caractère politique, la plateforme de microblogging a décidé de les supprimer. Néanmoins, les contours de cette décision méritent encore d’être définis.
Après plusieurs semaines de polémiques, Twitter change son fusil d’épaule. Dans un long thread publié sur le site de micro-blogging, Jack Dorsey, son CEO, annonce que la plateforme ne diffusera plus de publicités à caractère politique. « Un message politique gagne une audience quand les gens décident de suivre un compte ou de retweeter. Payer pour atteindre une audience ôte cette possibilité de décision, imposant des messages politiques hautement optimisés et ciblés aux individus. Nous pensons que cette décision ne devrait pas être compromise par de l'argent » justifie-t-il.
Le CEO de Twitter se permet au passage une petite pique à l’attention de Mark Zuckerberg, qui soutient contre vents et marées que Facebook ne supprimera ni ne vérifiera les publicités des candidats. Un choix qui lui est reproché notamment lors de son audition devant le Congrès. « Ce n'est pas crédible pour nous de dire : « Nous travaillons beaucoup à empêcher les gens de manipuler nos systèmes pour diffuser des informations trompeuses, mais si quelqu'un nous paie pour cibler et forcer les gens à voir leur publicité politique… eh bien… ils peuvent dire ce qu'ils veulent » tweete Jack Dorsey.
Tout est politique
Si Twitter a envisagé de n’interrompre que les publicités émanant de candidats, sa mesure vise finalement tout message à caractère politique. « Les publicités relatives à des questions de société constituent un moyen de contournement » justifie Jack Dorsey. Ce qui n’est pas sans poser quelques questions, à commencer par la définition même du caractère politique. Ils sont nombreux à s’interroger sur les risques d’invisibilisation qui pèsent sur les associations et autres lorsque celles-ci souhaitent diffuser un message relatif à l’écologie, à la lutte contre les discriminations, etc.
« Nous avons été témoins de nombreux mouvements sociaux qui ont atteint une échelle considérable sans aucune publicité politique » assure le CEO. D’autres soulignent en outre que des messages émanant d’entreprises, à l’instar des groupes pétroliers, revêtent parfois un caractère politique. La mesure est donc saluée, mais soulève autant de questions qu’elle n’en résout et il faudra attendre le 15 novembre pour pouvoir prendre connaissance de la nouvelle politique de Twitter dans le détail, qui entrera en vigueur le 22.