En butte aux critiques depuis plusieurs mois, le moteur de recherche bénéficie d’un apport d’argent frais de ses deux principaux investisseurs, la Caisse des Dépôts et le groupe allemand Axel Springer. Mais ceux-ci ont dicté leurs conditions : la gouvernance de Qwant s’en trouve à nouveau modifiée.
2019 n’a pas été une bonne année pour Qwant. Entre une stratégie hasardeuse, notamment eu égard à son partenaire Microsoft, des problèmes techniques et une grogne en interne révélés par deux articles de Next Inpact, une communication agressive en réponse aux critiques et le retard pris par la bascule de plusieurs administrations vers le moteur de recherche, l’entreprise a accumulé les casseroles l’an passé. Et la nomination de Tristan Nitot à sa direction n’a guère changé la donne.
Pourtant, 2020 commence bien, à en croire un communiqué de Qwant, puisque ses deux principaux investisseurs, la Banque des Territoires (appartenant à la Caisse des Dépôts) et le groupe Axel Springer « se sont engagés à participer à un nouveau tour de table qui sera finalisé courant février ». Un apport en argent frais dont, aux dernières nouvelles, Qwant avait bien besoin. Mais il semble que les investisseurs n’ont consenti à ressortir le portefeuille qu’à certaines conditions.
Pour l’heure, les changements apportés à la gouvernance de l’entreprise sont relativement opaques. Mais, première annonce, Eric Léandri n’occupe plus la présidence de Qwant. Le fondateur était au cœur des polémiques qui ont agité le moteur de recherche l’an dernier, en témoignent un article de Médiapart brossant un portrait au vitriol d’Eric Léandri ou le conflit opposant Qwant à feu Xipolix. Difficile de savoir si le fondateur du moteur de recherche a abandonné sa fonction de son plein gré ou a été écarté à la demande des investisseurs.
La Caisse des Dépôts prend le contrôle
De même, Tristan Nitot redevient VP Advocacy, le communiqué indiquant qu’il n’occupait le poste de directeur général depuis septembre qu’à « titre transitoire ». La direction de l’entreprise est désormais assurée par son nouveau président, Jean-Claude Ghinozzi, responsable des ventes et du marketing de Qwant depuis 2017. « Il assurera la direction générale avec la mission de renforcer les fondamentaux technologiques du moteur de recherche et son écosystème de services ainsi que sa monétisation » écrit le moteur de recherche.
Mais est-il réellement le décisionnaire ? Qwant vient en effet de se doter d’un « Conseil de gouvernance », qui est présidé par Antoine Troesch, Directeur de l’investissement de la Banque des Territoires. De là à voir une reprise en main de l’entreprise par ses investisseurs, il n’y a qu’un pas, tant on ignore encore le rôle que jouera ce conseil. Eric Léandri, lui, préside un « Comité stratégique et scientifique » sur lequel s’appuiera le « Conseil de gouvernance ».