Le consortium Block Covid oeuvre au développement d’une solution blockchain assurant la traçabilité des données des tests de dépistage du coronavirus et souhaite mettre cet outil à disposition des autorités sanitaires.
Face à la pandémie, les initiatives privées se multiplient. Si la blockchain est (trop) souvent associée au bitcoin, de nombreux projets B2B ont démontré l’utilité de cette technologie à des fins de traçabilité. Alimentaire, fret... et pourquoi pas médicale, dans le cadre des tests de dépistage du virus. C’est le sens de l’initiative lancée par le consortium Block Covid.
Ce groupe, qui réunit des entreprises (ChainOps, Uziit, Omniow) et des particuliers, experts de la blockchain ou non, a été amorcé par Patrice Van de Velde, fondateur de Unblocked, une jeune SSII dédiée à la blockchain. Celui-ci nous raconte que, confiné et confronté à la réduction de son activité, il s’est interrogé sur les possibles utilisations de la blockchain dans la lutte contre la propagation du COVID-19. Et les journaux parlaient alors beaucoup des enjeux des tests de dépistage.
Un outil pour les ARS
Eureka ! Patrice Van de Velde a alors l’idée de mettre au point un registre permettant de tracer les dépistages. Dans un premier temps il agit seul, mais le projet réunit par la suite une petite base “techno”, avant de s’ouvrir à désormais une quinzaine de personnes. Tous y sont bénévoles, l’objectif n’étant pas “de faire de l’argent” sur le projet. Après trois semaines de développement, ce mardi, un PoC était disponible. Basé sur la technologie Hyperledger Fabric 2.0, le réseau de noeuds est pour l’heure simulé sur une VM. L’objectif de l’application, baptisée Dépistage, est très concrètement d’assurer dans un registre distribué la traçabilité des tests de dépistage du COVID-19 effectués, afin “d’identifier les personnes qui sont immunisées et non contagieuses de manière à pouvoir créer des "vides sanitaires" auprès des personnes à risque”.
Evidemment, il ne s’agit pas pour le consortium d’exploiter des données de santé : Block Covid entend mettre sa solution à disposition des autorités sanitaires. “La blockchain a un intérêt lorsqu’il faut appuyer une organisation qui est de facto décentralisée, comme l’est le système de santé en France”. En effet, Patrice Van de Velde vise ici les ARS (Agences Régionales de Santé), un “bon niveau” selon lui puisque l’objectif n’est pas de tracer l’ensemble de la supply chain des tests. Et, in fine, l’application permettrait de consolider au niveau national les données régionales, “voire pourquoi pas au niveau européen”, et participer aux procédures de déconfinement.
Spof !
Sur les questions de confidentialité et de protection, si l’on connaît déjà les mérites des blockchains, Patrice Van de Velde ajoute que les données sensibles ne seront pas stockées sur la blockchain, mais hébergées dans une autre base de données, gérée au niveau par exemple des ARS, où seuls des ID non identifiants feront la passerelle entre blockchain et données patients.
Autre avantage de la blockchain, le côté “Single Point of Failure” : en cas d’attaque sur un noeud, les autres continuent de tourner. D’autant que, en fonction de certaines modalités, Block Covid souhaite mettre à disposition du public les smart contracts à des fins d’audit. Une transparence conditionnelle, puisque le projet doit être offert aux autorités sanitaires. Et, pour l’heure, faute de sponsor, le projet a été soumis dans le cadre d'un appel à projet du ministère des Armées. Avec, ultimement, l’idée de scaler une infrastructure HDS existante.