Le projet collaboratif "CovidIA" vise à prédire l‘évolution de la pandémie du Covid-19, grâce à des algorithmes d’intelligence artificielle, afin de faciliter le déconfinement en France. Lancé début avril, l’initiative prend aujourd’hui la forme d’une fondation, abritée par la Fondation de France.
« En devenant une fondation nous pouvons recevoir le soutien de mécènes, notamment des grandes entreprises, qui vont ainsi participer financièrement au projet », explique à L’Informaticien, le professeur Alexandre Mignon, anesthésiste-réanimateur à l’Hôpital Cochin de Paris, à l’origine du projet avec notamment la startup Ponicode. « Nous ciblons un budget de 25 millions d’euros pour développer la plateforme et le moteur prédictif. Nous devons être prêts pour le 11 mai. C’est une course contre la montre ».
Le projet CovidIA compte aujourd’hui une cinquantaine de contributeurs, tous bénévoles. Il s’agit d’experts dans le domaine médical mais aussi d’informaticiens, dont des développeurs et des spécialistes de l’IA. Une équipe qui devrait rapidement s’étoffer et se structurer. « Nous avons reçu 500 nouvelles propositions de participations », poursuit Alexandre Mignon.
Un million de tests en entreprise
L’objectif du projet est de faciliter le déconfinement en ayant une vision géographique, la plus fine possible, de l’évolution de la pandémie. « Le modèle prédictif doit ainsi aider à savoir où et quand déconfiner ». L’idée serait de disposer d’une plateforme capable de donner une prédiction des cas de Covid-19 sur une période de trois semaines, peut-être au niveau communal. Pour cela, les algorithmes doivent être alimentés par de nombreux flux de données, notamment démographiques (densité de populations) et de santé (personnes malades ou patients porteurs ou suspectés).
Une partie de ces informations est déjà disponible. Mais elles doivent être complétées. « Nous prévoyons de mener, avec des entreprises partenaires, une campagne de tests auprès d’un million de salariés afin de savoir s’ils ont contracté le virus. Les résultats de cet échantillon alimenteront le moteur prédictif ». Une première vague de tests sera menée sur le Marché de Rungis, début mai.
Un accompagnement des entreprises pour leur déconfinement
« Les entreprises sont au cœur de la démarche. Elles vont donc participer aux tests. De notre côté, nous allons leur proposer un service d’accompagnement pour qu’elles puissent déconfiner dans les meilleurs conditions ». Outre des prédictions sur l’évolution de la pandémie dans la zone géographique de l’entreprise, CovidIA devrait également faciliter, via des prestataires partenaires, l’acquisition de masques et la diffusion des bonnes pratiques auprès des collaborateurs.
Dans un premier temps, une carte de l’évolution passée de l’épidémie sera mise en ligne dans le courant de la semaine prochaine. Cet historique sera accessible au grand public. La plateforme de prédiction, qui doit donc être disponible pour le début du confinement, ne sera quant à elle accessible que par les services de l’État et les entreprises. « Il y aura aussi une version pour le grand public dans un second temps », assure le professeur.
Côté infrastructure IT, la plateforme et ses applications seront hébergées dans le cloud. CovidIA travaille déjà avec Microsoft. Des discussions sont également en cours avec Amazon et Google.