Et si, pour redorer son blason terni par les scandales à répétition, la police suivait les pas de la gendarmerie en créant une “brigade numérique” chargée de répondre, en ligne, aux questions des citoyens. Le projet est dans les tuyaux et a reçu l’aval du ministère de l’Intérieur.
En 2017 était annoncée la “brigade numérique” de la gendarmerie nationale, un service 24/7 inauguré l’année suivante à Rennes, composé d’une vingtaine de gendarmes. Si ceux-ci ne peuvent pas prendre de plaintes ou mener enquête, leur mission consiste à répondre aux questions diverses et variées des citoyens par tchat, Twitter ou Facebook, et à les aiguiller le cas échéant vers le service le plus approprié. Lors du confinement, l’AFP rapportait que le nombre de sollicitations avait explosé, passant d’environ 300 par jour en 2019 à près de 2000 demandes quotidiennes.
La formule semble faire des émules, à en croire une lettre d’informations du SNIPAT (Syndicat national indépendant des personnels administratifs et techniques), relevant cette fois-ci de la police nationale, dénichée par nos délicieux confrères de Next Inpact. Y est fait état d’une conversation téléphonique entre Georges Knecht, secrétaire général du syndicat, et Jean-Marie Salanova, le directeur de la DCSP (Direction Centrale de la Sécurité publique), au sujet d’un projet “dans les tuyaux depuis plusieurs mois” : la création d’un “commissariat numérique”.
La police du 21ème siècle
Georges Knecht explique ainsi que ce nouveau service vient de recevoir l’aval du cabinet du ministre de l’Intérieur. Dépendant de la DSCP et basé à Bordeaux, ce “commissariat numérique” entend développer la communication entre citoyens et policiers et les “faire passer à la Police du XXIème siècle”. Surtout, sa mise en place doit se faire en toute hâte puisque ce service reprendra les attributions de la plateforme COVID gérée par la DCRFPN, qui doit pour sa part retourner à ses missions de concours et de recrutements de nouveaux agents.
“Une quarantaine de fonctionnaires doivent composer à terme ce commissariat dont 12 policiers qui y travailleront le jour et 6 la nuit, par roulement, pour répondre à la population sur toutes les thématiques policières, mais uniquement par mail” précise le secrétaire général du SNIPAT. L’effectif sera sous les ordres d’un commissaire, secondé par un officier. Deux personnels administratifs assureront pour leur part le secrétariat opérationnel et des missions de support.
Assistance par mail
Si la DSCP compte sur des agents fins connaisseurs des outils numériques, le syndicat suggère pour sa part que “les réponses aux questions des citoyens étant effectuées pas mail, une bonne formation et la documentation appropriée, associées à un rodage qui se fera au fil du temps par une mise à jour des connaissances, peut tout à fait laisser l’opportunité à des personnels administratifs d’occuper les postes”.
Pour l’heure, les équipements et les locaux n’ont pas encore été définis. Enfin, ce service n’a pas vocation à suppléer le 17, ni à remplacer les services d’aide aux victimes, notamment les correspondants départementaux. “De ce commissariat numérique dépendra également l’actuelle plateforme de signalement des violences basée géographiquement en Ile de France” note le SNIPAT.