D’abord conçu comme un outil de chat vocal pour les joueurs, Discord a connu ces derniers mois de nombreux autres usages. Espace de discussions politiques, moyen d’enseignement à distance... la plateforme recense désormais 100 millions d’utilisateurs mensuels actifs. Et en profite pour lever 100 millions de dollars supplémentaires, qui serviront principalement au développement de nouvelles fonctionnalités.
Les parallèles entre Slack et Discord sont faciles : tous deux ont commencé comme studios de jeux vidéo, avant de pivoter vers un outil de communication, le premier pour les professionnels, l’autre pour les particuliers. En l'occurrence, dans le cas de Discord, pour les joueurs : la plateforme a fait ses débuts comme serveur vocal à destination des communautés autour de jeux vidéos. Donc, si le nom de l’entreprise et de sa solution éponyme ne vous évoque rien, vos enfants sauront certainement vous éclairer. Ou peut-être leur professeur.
En effet, “cette année en France, Discord a été adoptée comme application principale pour l’enseignement à distance après l’échec des services officiels du gouvernement. En conséquence, Discord a atteint le top 10 des téléchargements d'applications en France en mars”. Cette analyse vient de Danny Rimer, l’un des partenaires d’Index Ventures. Le fonds a participé au tour de table de Discord fin 2018, à l’occasion duquel l’entreprise a levé 150 millions de dollars, pour une valorisation de 2,05 milliards.
L’autre gagnant du confinement
Chose peu commune dans la Silicon Valley, c’est Index qui est revenu vers Discord plus tôt cette année pour lui proposer un nouvel investissement, nous apprend Forbes. La jeune pousse se voit ainsi injecter 100 millions de dollars supplémentaires, portant sa valorisation à 3,5 milliards de dollars. Car Zoom ou Teams n’ont pas été les seuls à profiter du COVID-19 et du confinement.
Les deux fondateurs de Discord, Jason Citron et Stan Vishnevskiy, respectivement CEO et CTO, expliquent, dans un post de blog, que depuis sa création en 2015, la plateforme a dépassé les 100 millions d’utilisateurs mensuels actifs et que, chaque jour, ses utilisateurs passent 4 milliards de minute en conversation sur quelque 6,7 millions de serveurs. Notons au passage que Opera a intégré l’outil de communication à la dernière version de son navigateur.
Vers un usage professionnel ?
Et surtout Discord est sorti du champ du jeu vidéo. On parle de l’enseignement à distance, mais la plateforme brasse plus large, bien plus large. “Au cours de la dernière année, nous vous avons demandé ce qui fait vraiment la magie de Discord. Il s'avère que, pour beaucoup d'entre vous, il ne s'agissait plus seulement de jeux vidéo” remarque la publication. Des milliers de groupes sont dédiés à des sujets aussi divers qu’existent de centres d’intérêt et de communautés. Aux États-unis, le mouvement Black Lives Matter s’y décline en plusieurs dizaines de serveurs, ce qui n’est pas sans une certaine ironie sachant que l’alt-right américaine avait très tôt fait de Discord son terrain de jeu, au grand dam de l’entreprise.
Index ne s’y trompe pas : Discord continuera d’élargir son audience et, par ricochet, de générer des revenus. Cet argent frais servira à “accélérer nos investissements dans la communauté, les nouvelles fonctionnalités et l'entreprise” indiquent les fondateurs, sans autre précision. Danny Rimer est un peu plus détaillé, puisqu’il note que cet investissement permettra à l’équipe de “renforcer et développer Discord en tant que marque plus mainstream et attrayante en dehors des jeux”. Et si des usages purement professionnels n’ont pas réellement émergé sur Discord, gageons qu’ils ne manqueront pas de s’y développer, qu’il s’agisse d’une interface entre les entreprises et leurs clients en B2C ou encore entre professionnels dans un cadre associatif, voire, pourquoi pas, de salons virtuels.