Le milliardaire crée la surprise en annonçant sa volonté d’acquérir la totalité du capital du groupe qu’il a fondé et de le sortir d’Euronext. Une reprise en main qu’Altice explique par une vision à long terme opposée à la performance à court terme exigée par le rythme trimestriel des marchés financiers.
La maison-mère de SFR pourrait bien quitter les marchés financiers. Patrick Drahi a annoncé ce matin avoir déposé une offre de rachat du capital restant d’Altice Europe. En mettant la main sur la totalité du capital du groupe, le milliardaire procèderait à son retrait d’Euronext où l’entreprise installée à Amsterdam est cotée.
Patrick Drahi propose 4,11 euros en numéraire par action, un bonus de 23.8% par rapport au prix de clôture hier soir. Il débourserait ainsi, par le biais de sa société Next Private B.V, jusqu’à 2,5 milliards d’euros. La transaction doit encore être soumise à l'accord des autorités des marchés financiers concernées.
Dans son communiqué, Patrick Drahi explique que “la structure de propriété proposée permettra de mettre davantage l’accent sur l’exécution de notre stratégie à long terme”, là où le rythme imposé par la bourse, avec ses rapports trimestriels, ne se prête qu’au court terme. Jurgen van Breukelen, le président d’Altice Europe ajoute que “cette transaction permettra à Altice Europe d’atteindre plus efficacement et avec plus de succès ses objectifs dans un environnement privé et détenu à 100%, en bénéficiant de l’engagement continu à long terme du fondateur dans l’entreprise”.
Altice a remonté la pente... pour mieux dégringoler
Surtout, parmi les raisons invoquées pour justifier ce retrait des marchés financiers, on trouve d’une part la dette (celle d'Altice s'élève à 29 milliards d'euros au 30 juin 2020), d'autre part la volatilité du cours d’Altice. Il faut dire qu’en bourse Altice a connu des hauts et surtout des bas. En 2017, les investisseurs avaient pris peur face au flou de la stratégie du groupe : le titre a perdu 50% de sa valeur en seulement quelques jours. Et cette année n’a pas été meilleure : avec la crise sanitaire, le cours a pris une claque. L’action, qui atteignait son plus haut en février à 6,65 euros, ne valait plus que 2,75 euros au 20 mars.
“Les créanciers se concentreront davantage sur la valorisation fondamentale et l'analyse du crédit, ayant un meilleur accès aux marchés obligataires et bancaires indépendamment des fluctuations quotidiennes et volatiles du cours des actions et diminueront ainsi les coûts d'emprunt” écrit Altice, ajoutant qu’il envisage qu’en fuyant la volatilité du prix de ses actions, sa réputation s’en trouvera améliorée, aussi bien auprès de ses clients que de ses fournisseurs et des gouvernements.