On en sait un peu plus sur le projet de campus dédié à la cybersécurité pour lequel Michel Van Den Berghe a été missionné en juillet. Portée par les industriels, Orange, Thales et Atos en tête, l'initiative veut fédérer autour d'un lieu opérationnel l'écosystème français, et pourquoi pas international, avec un objectif d'ouverture au plus tard début 2021.
Ce matin était organisée une série d'ateliers autour du projet de campus dédié à la cybersécurité. En amont de la restitution de ces réflexions, Michel Van Den Berghe tenait conférence à l'attention de la presse. L'occasion de faire le point sur le projet et d'apprendre que, depuis qu'il a été missionné par Matignon en juillet, le patron d'Orange CyberDefense a réalisé une cinquantaine d'auditions auprès de différents acteurs, entreprises, entités étatiques, centres de formation, etc. ainsi que des déplacements et des discussions avec les ambassades de France à l'étranger, afin de savoir ce que font les autres pays.
Michel Van Den Berghe explique recourir à une « méthodologie très entreprenariale », s'interrogeant avant tout sur le retour sur investissement pour les entreprises qui souhaitent intégrer le campus. En effet, comme il nous l'avait expliqué dans une interview, le patron d'Orange CyberDefense souhaite que ce campus ne soit pas qu'une vitrine, occupée uniquement à l'occasion d'évènements, mais un centre opérationnel où les entreprises du secteur, mais aussi les clients finaux, aussi bien startups que grands groupes, PME et ETI, pourront positionner des équipes et des ressources. Si cette dimension opérationnelle s'incarnera d'abord par l'installation de CERTs sur le campus, le partage d'information étant l'un des points essentiels du projet, « un CERT ne suffit pas à en faire une vitrine de l'expertise française en matière de cyber sécurité » soutient Michel Van Der Berghe, qui suggère que des projets de recherche ou industriels pourront s'y faire une place.
10 000 m² en région parisienne
S'y installeront également des centres de formation, avec leurs cursus, et de recherche. Une vingtaine de partenaires étaient présents ce matin, les trois « grands » industriels que sont Atos, Thales et Orange, ainsi que Capgemini, Sopra Steria, la BNP Paribas, CEIS, EDF, Schneider Electric, Wavestone, Gatewatcher ou encore Oodrive.
L'aspect formation était représenté par Epita. Certains services de l'État, Anssi en tête, sont également associés au projet. « Nous avons besoin d'un lieu où l'on peut travailler ensemble » souligne Guillaume Poupard, présent ce matin. Pour le patron de l'Anssi, le projet est la preuve de la maturité du secteur : « il y a cinq ans, nous n'aurions pas été prêts ». « L'écosystème il existe aujourd'hui, c'est une réalité, on peut être fier de ce qui existe en France » ajoute-t-il.
Un écosystème, on l'a bien compris, centré sur Paris et ses environs, raison pour laquelle Michel Van Den Berghe soutient une installation du campus dans Paris ou sa petite couronne, « afin de ne pas déplacer l'écosystème ». Mais il ne s'agira là que d'une première phase : le campus aura des satellites. Si la question de la concurrence avec le pôle d'excellence de Rennes, spécialisé dans la cyber défense, s'est posée dans un premier temps, le CEO d'Orange CyberDefense a levé ce matin les craintes : le pôle pourra être un satellite, d'autant que l'organisation bretonne aura des locaux dans le campus, à l'instar du Cesin, qui pourrait y déplacer son siège administratif. Marc Darmon, directeur général adjoint de Thales et président du comité de filière stratégique cybersécurité, ajoute que parmi les missions de la filière, certaines seront réalisées en partie au campus, quand d'autres y résideront, notamment le fameux forum État-Industrie. En région, les satellites pourraient s'implanter en fonction des spécialités locales : santé et smart city dans le Pays de la Loire, industrie à Lyon et Grenoble par exemple. La logique se veut « partenariale » et certainement pas jacobine.
Un campus opérationnel dès la fin 2020
Quant à la question de l'ouverture internationale, Michel Van Den Berghe fait remarquer « qu'isoler un écosystème, c'est aussi un moyen de l'affaiblir et de le faire disparaître ». Hors de question donc de ne faire qu'un campus franco-français. Microsoft, IBM, Cisco ou encore VMware se montrent intéressés, reste encore à déterminer les modalités de leur présence sur le campus, avec cette idée de « bulles de confiance », toutes les informations n'ayant pas vocation à être partagées à degré égal avec l'ensemble des organisations présentes dans le CyberCampus.
Enfin, sur la question des échéances, le rapporteur veut fait vite, très vite. Le rapport sera remis au gouvernement entre le 16 et le 20 décembre, une décision politique est attendue dans le courant du premier trimestre, Michel Van Den Berghe appelant de ses vœux une annonce en ce sens lors du FIC de Lille. Lancement espéré : fin 2020 ou début 2021, dans des bâtiments existants. « On ne va pas chercher de terrains pour faire la pose de la première pierre » indique-t-il. Soit trouver une infrastructure existante de 10000 m², extensible à 20000, sachant que parmi les partenaires du projet certains sont prêts dès l'ouverture du campus à y positionner entre 700 et 800 personnes.
Pour le Secrétaire d'État au Numérique, qui est lui aussi intervenu ce matin, « aucun autre secteur du numérique n'a ce potentiel-là ». Le projet de fédérer tout l'écosystème français, mais aussi européen, de la cybersécurité est aux yeux de Cédric O capable de faire référence : « je pense que, en la matière, nous avons l'occasion de ne pas être dans une dynamique de rattrapage mais de faire référence, d'établir un standard ». De l'intérêt pour les entreprises françaises, souvent concurrentes entre elles, de ne pas « se taper dessus » mais d'unir leurs forces pour éviter d'être déclassées par les acteurs américains et chinois.
Communiqué de la Mission Cyber Campus France.