L'éditeur d'une plateforme de jeu vidéo n'est peut-être pas rentable (loin de là, avec 206 millions de pertes l'an dernier) mais continue de crever le plafond. Après avoir en fin d'année retardé son introduction en bourse, l'entreprise lève 520 millions de dollars, portant sa valorisation à 30 milliards de dollars.
Il y a encore moins d'un an, Roblox n'était guère connu de notre côté de l'Atlantique et valorisé quatre petits milliards de dollars. Licorne née en 2006 à San Mateo, Californie, cette entreprise édite une plateforme dédiée aux jeux vidéo, principalement destinés aux enfants. Elle ne développe toutefois pas de jeux vidéo : elle doit son contenu aux studios et développeurs externes qui l'alimentent en jeux free-to-play. Elle fournit en retour des outils de développement.
Un modèle qui n'est pas récent, mais qui n'a percé que récemment dans le cas de Roblox. L'entreprise, qui visait fin 2020 7 milliards de valorisation, a doublé son chiffre d'affaire lors de l'année écoulée et prévoyait d'entrer en bourse, par citation directe. Du moins jusqu'à ce que l'introduction d'Airbnb ne refroidisse ses ardeurs et que l'éditeur repousse sine die sa cotation.
Roblox fait des bulles
Mais c'était sans compter sur la récente levée de fonds réalisée par la société. Mercredi, Roblox a annoncé avoir bouclé son tour de table de Series H, mené par Altimeter Capital et Dragoneer Investment Group. La Warner Music Group, ainsi que plusieurs investisseurs d'historiques, ont eux aussi mis au panier. Bilan, l'éditeur lève 520 millions de dollars, portant sa valorisation à près de 30 milliards. "Alors qu'il était autrefois considéré comme une plateforme de jeu, Roblox est devenu une communauté mondiale définitive reliant des millions de personnes par la communication, le divertissement et le commerce" explique Brad Gerstner, CEO d'Altimeter.
Roblox ne précise pas quand elle compte entrer en bourse, d'autant que l'entreprise explique ne pas recourir aux nouvelles possibilités offertes par la SEC de lever des fonds en même temps qu'une cotation directe. L'éditeur fait partie des gagnants de la crise sanitaire : outre la hausse de son chiffre d'affaires, il a doublé le nombre d'utilisateurs quotidiens actifs sur sa plateforme, soit 36,2 millions d'utilisateurs. Pour autant, l'entreprise n'est pas rentable, loin de là. En 2020, elle a creusé ses pertes nettes, à 206 millions de dollars, faute d'un véritable modèle économique. Ce qui ne refroidit manifestement pas l'intérêt des investisseurs.