Chine

  • Antitrust : PĂ©kin sanctionne lourdement Alibaba

    Les autoritĂ©s chinoises viennent d’infliger plus de 2,3 milliards d’euros d’amende au gĂ©ant de l’e-commerce. Le rĂ©gulateur reproche Ă  Alibaba des pratiques anticoncurrentielles relevant de l’abus de position dominante, Ă  grands renforts de clauses d’exclusivitĂ©.

    Depuis la fin de l’annĂ©e derniĂšre, la tech chinoise est dans le collimateur de PĂ©kin. C’est principalement Alibaba qui fait les frais de la nouvelle politique du gouvernement chinois Ă  l’égard de ses gĂ©ants du numĂ©rique. En novembre derniĂšre, l’IPO d’Ant Financial, bras armĂ© du groupe dans le secteur de la finance, Ă©tait stoppĂ©e nette par le rĂ©gulateur. Puis Jack Ma disparaissait pendant plusieurs mois tandis que les autoritĂ©s renforçaient la rĂ©glementation antitrust.

    Ce week-end, la SAMR, administration d’Etat pour la rĂ©gulation du marchĂ©, a annoncĂ© infliger une amende record Ă  l’entreprise de Jack Ma. Le groupe se voit sanctionnĂ© Ă  hauteur de 2,3 milliards d’euros pour abus de position dominante. Cette condamnation, qui fait suite Ă  plusieurs amendes de bien moindre importance, marque la fin de la tolĂ©rance de PĂ©kin Ă  l’égard de ses fleurons nationaux.

    Amende salée

    Dans les faits, la SAMR reproche Ă  Alibaba d’avoir abusĂ© depuis 2015 de sa position dominante sur le marchĂ© du e-commerce pour contraindre ses commerçants Ă  des clauses illĂ©gales Ă  l’égard de la rĂ©glementation chinoise. Ainsi, le groupe a interdit aux marchands passant par Tmall et Taobao d’utiliser d’autres plateformes de ventes en ligne. Une clause d’exclusivitĂ© qui restreignait les intĂ©rĂȘts des consommateurs et des vendeurs selon le rĂ©gulateur.

    L’autoritĂ© des marchĂ©s n’a pas seulement Ă©mis la plus lourde amende jamais infligĂ©e par la Chine Ă  l’encontre de pratique monopolistique, Ă©quivalente Ă  4% du chiffre d’affaires d’Alibaba en 2019. Elle a Ă©galement assorti la douloureuse d’une obligation de mise en conformitĂ© sous trois ans, audit Ă  l’appui.

  • Clubhouse censurĂ© en Chine

    Des milliers de Chinois se rassemblaient depuis quelques semaines sur des tchats du nouveau rĂ©seau social pour discuter de sujets habituellement censurĂ©s. L’application est inaccessible depuis lundi soir. Un coup d'arrĂȘt malheureusement inĂ©luctable.

    Il n’aura pas fallu longtemps au gouvernement chinois pour prendre la pleine consĂ©quence des menaces que reprĂ©sente l’application Clubhouse comme moyen de contourner la censure. Et Clubhouse va dĂ©sormais rejoindre le rang des applications bannies du territoire, Ă  l’instar de Facebook ou Twitter.

    En ligne depuis 2020, Clubhouse est un nouveau type de rĂ©seau social sur invitation, basĂ© sur le partage de messages audios. Il a Ă©tĂ© rendu inaccessible aux Chinois dans la soirĂ©e du 8 fĂ©vrier, rapportent plusieurs mĂ©dias amĂ©ricains alors que l’application Ă©tait devenue trĂšs populaire en Chine ces derniĂšres semaines.

    De nombreux utilisateurs ont indiquĂ© avoir des problĂšmes de connexion ou y accĂ©der via l’utilisation d’un VPN tandis que les recherches « Clubhouse Â» ont Ă©tĂ© censurĂ©es de Weibo, le Twitter chinois, rapporte le journal TechCrunch. L’application a Ă©tĂ© retirĂ©e de l’Apple Store en octobre dernier avait rĂ©vĂ©lĂ© le mĂȘme journal.

    Une libertĂ© d’expression bienvenue mais inĂ©vitablement censurĂ©e

    Depuis plusieurs semaines, Clubhouse Ă©tait devenu trĂšs populaire en Chine, oĂč des milliers de membres se rĂ©unissaient dans des tchats – plafonnĂ©s Ă  5000 personnes - pour discuter librement de sujets controversĂ©s comme la situation des OuĂŻghours ou des manifestations de la place Tian’anmen.

    Une telle libertĂ© d’expression et une remise en question aussi libre des dĂ©cisions gouvernementales faisait figure de bol d’air rafraĂźchissant dans un pays oĂč chaque nouvelle application Ă©trangĂšre est perçue comme un danger face Ă  la ligne officielle du parti et censurĂ©e pour ĂȘtre remplacĂ©e par un Ă©quivalent chinois sous contrĂŽle gouvernemental.

    « Ce n’était qu’une histoire de temps Â», a confessĂ© Alex Su, un Ă©diteur d’une start-up chinoise, contactĂ© par le New York Times. Un sentiment partagĂ© par la journaliste du New York Times Li Yuan dans un article, ajoutant que l’officialisation de la dĂ©cision n’en a pas Ă©tĂ© moins consternante.

    Les gĂ©ants amĂ©ricains du numĂ©rique ne sont pas les seuls dans le viseur du gouvernement chinois. La Big Tech chinoise aussi commence Ă  inquiĂ©ter. PĂ©kin vient d’officialiser des nouvelles rĂšgles anti-monopolistiques Ă  l’attention des gĂ©ants Alibaba et ses branches Taobao, Tmall ou encore Ant Financial, Tencent, et JD.com.

  • Des pirates chinois utilisent des rançongiciels comme couverture

    D’aprĂšs SecureWorks, des groupes de hackeurs ayant des accointances avec le pouvoir chinois utilisent des rançongiciels pour masquer des activitĂ©s d’espionnage et de vol de propriĂ©tĂ© intellectuelle.

  • Etats-Unis : Un projet de loi pour interdire le Yuan numĂ©rique

    Un projet de loi prĂ©sentĂ© jeudi 28 mai vise Ă  interdire les applications qui autorisent les transactions  en Yuan numĂ©rique. Une proposition qui s’inscrit dans un climat de mĂ©fiance entre la Chine et les Etats-Unis.

  • L'Ă©trange silence de Jack Ma

    Le fondateur d'Alibaba ne s'est plus exprimé publiquement depuis fin octobre et une diatribe contre le secteur bancaire chinois. Alors que le gouvernement chinois s'attaque aux géants chinois de la tech, cette disparition inquiÚte.

    OĂč est donc passĂ© Jack Ma ? La question n'agite pas les rĂ©seaux sociaux chinois, mais depuis prĂšs de trois mois cette disparition est discutĂ©e dans des cercles plus privĂ©s et vient d'investir la scĂšne internationale. En effet, le Financial Times rapportait vendredi dernier que le fondateur d'Alibaba Ă©tait attendu dans un jeu tĂ©lĂ©visĂ©, Africa's Business Heroes, oĂč il siĂšge parmi les juges. Jack Ma y a en novembre Ă©tĂ© remplacĂ© au pied levĂ© par une cadre d'Alibaba. Officiellement, un "conflit d'agenda". Pourtant, depuis fin octobre, Jack Ma n'a pas reparu en public et est absent des rĂ©seaux sociaux.

    Car fin octobre Jack Ma s'exprimait lors d'un colloque Ă  Shanghai. L'ancien patron d'Alibaba y chargeait le systĂšme bancaire chinois, notamment sa rĂ©glementation. Un discours qui n'avait pas plu au Parti. Dans les jours qui suivent la confĂ©rence, l'IPO d'Ant Financial, la filiale fintech d'Alibaba, est suspendue au dernier moment, tandis que le gouvernement chinois se lance dans une vaste offensive de rĂ©gulation Ă  l'encontre des gĂ©ants de la tech chinois, dont Alibaba qui se voit infliger une lĂ©gĂšre amende en dĂ©cembre, et surtout fait l'objet d'une enquĂȘte bien plus large. 

    DĂ©tenu pour interrogation ?

    Les autorités ont ainsi ordonné à Alibaba de mettre en conformité les activités financiÚres d'Ant Financial, via la création d'une nouvelle holding à laquelle s'appliquera la réglementation en vigueur dans le secteur bancaire traditionnel. Quant à Jack Ma, il n'a plus publié sur Weibo ou Twitter depuis octobre et sa diatribe contre les banques chinoises.

    En Chine, il est devenu presque courant que des milliardaires disparaissent, ou du moins fassent profil bas, lorsque le gouvernement enquĂȘte sur des secteurs oĂč ils sont impliquĂ©s. Mike Poon, milliardaire qui s'Ă©tait portĂ© acquĂ©reur de l'aĂ©roport de Toulouse Blagnac, fut aux abonnĂ©s absents pendant quelques semaines en mai 2015, de mĂȘme que Guo Guangchang, lui aussi milliardaire et propriĂ©taire du Club Med. A chaque fois, les hommes d'affaires rĂ©apparaissaient aprĂšs un temps, justifiant ou non leur silence. Mike Poon expliquait ainsi avoir Ă©tĂ© interrogĂ© dans le cadre d'une enquĂȘte de PĂ©kin sur le secteur de l'aviation. Peut-ĂȘtre en est-il de mĂȘme pour le fondateur d'Alibaba.

  • La Chine renforce sa lĂ©gislation anti-trust

    PĂ©kin vient d’officialiser les nouvelles rĂšgles anti-monopolistiques dĂ©sormais en vigueur en Chine. Sont surtout visĂ©s les gĂ©ants du numĂ©rique, qui font depuis la fin de l’annĂ©e derniĂšre l’objet d’une surveillance renforcĂ©e de la part des autoritĂ©s. 

    Le Cabinet des Affaires de l’Etat chinois vient d’avaliser les rĂšgles anti-trust de l’autoritĂ© de rĂ©gulation des marchĂ©s (SAMR), dont le brouillon a Ă©tĂ© dĂ©voilĂ© en fin d’annĂ©e derniĂšre. Les nouvelles directives viennent interdire et condamner des abus de position dominante, Ă  l’instar des accords d’exclusivitĂ© ou de la dĂ©termination de tarifs fondĂ©e sur les donnĂ©es des utilisateurs. 

    Sont tout particuliĂšrement visĂ©s les gĂ©ants chinois du numĂ©rique, Alibaba et ses branches Taobao, Tmall ou encore Ant Financial, Tencent, JD.com, etc. La SAMR explique que ces rĂšgles permettront “d’arrĂȘter les comportements monopolistiques dans l'Ă©conomie des plateformes et de protĂ©ger une concurrence loyale sur le marchĂ©â€. L’autoritĂ© ajoute que ce type de pratiques ont augmentĂ© sans qu’elle ait, du moins jusqu’à prĂ©sent, nĂ©cessitĂ© de rĂ©guler ces comportements. “L'utilisation de donnĂ©es, d'algorithmes, de rĂšgles de plate-forme, etc., rend plus difficile la dĂ©couverte et la dĂ©termination de ce que sont les accords de monopole”. 

    Alibaba, bĂȘte noire de PĂ©kin

    Il n’en fallait d’ailleurs pas plus pour que ByteDance, la maison-mĂšre de TikTok, dĂ©pose une plainte pour abus de position dominante contre le gĂ©ant Tencent, Ă©diteur entre autres de WeChat et de QQ. Quant Ă  Alibaba, il fait l’objet depuis octobre dernier d’une surveillance renforcĂ©e de la part du gouvernement chinois, qui a notamment bloquĂ© l’IPO de sa filiale Ant Financial, peu aprĂšs que Jack Ma ait tenu un discours fustigeant le systĂšme bancaire chinois. 

    L’homme d’affaires a par la suite disparu pendant trois mois, avant de rĂ©cemment refaire surface sans que l’on sache si son soudain silence Ă©tait en lien avec la nouvelle rĂ©gulation des plateformes numĂ©riques. RĂ©gulations qui ne sont d’ailleurs pas sans rappeler celles en vigueur en Europe ou aux États-unis, oĂč les GAFAM sont eux aussi sujets Ă  enquĂȘtes et amendes.