Huawei revend Honor

Le géant chinois, en butte aux sanctions américaines, cherche de l’argent frais couvrant le manque à gagner et ses nouveaux frais de R&D. Or on apprend que Huawei est sur le point de céder sa marque Honor, dédiée aux smartphones d’entrée de gamme, à un consortium pour 15,2 milliards de dollars.  

L’année écoulée fut une annus horribilis pour Huawei. Le géant chinois, victime de la guerre commerciale sino-américaine, est la cible depuis l’été 2019 de plusieurs sanctions américaines : il figure sur la liste noire des entreprises chinoises privées de produits et de technologies américaines, ce qui l’a obligé à développer en urgence puces, OS et applications.

S’y ajoutent l’interdiction de vente de ses terminaux sur le sol américain, tandis que le lobbying de l’administration Trump faisait des merveilles et fermaient à l’équipementier de nombreux marchés, notamment sur les réseaux 5G en Europe. Sans oublier les tensions entre l’Inde et la Chine, qui n’arrangent pas les affaires de Huawei pour qui la porte du marché indien s’est fermée. 

En juin 2019, la direction du géant annonçait que les mesures prises lui permettraient d’absorber une bonne partie des dégâts de cette mise au ban. Force est de constater aujourd’hui que la situation est bien pire qu’anticipé par Huawei. Reuters rapporte ainsi que le constructeur serait sur le point de vendre sa marque Honor, comptant pour un quart des smartphones vendus par Huawei au dernier trimestre.  

L’entrée de gamme sacrifiée 

On imagine donc que ce n’est pas de gaîté de cœur que l’entreprise s'apprête à céder Honor et ses terminaux d’entrée de gamme à un consortium mené par le principal distributeur de la marque, Digital China, ainsi que trois fonds d’investissements de Shenzen. L’opération permettra au géant de récupérer quelque 15,2 milliards de dollars, dont il a bien besoin pour compenser ses pertes et continuer de chercher des poux à Apple et Samsung sur le segment des smartphones haut de gamme.  

Honor, fondé en 2013 comme une filiale autonome de Huawei, conservera a priori l’ensemble de ses effectifs et de sa direction après la clôture de l’opération. Reste à savoir si sortir du giron de Huawei permettra à la nouvelle entité de contourner les sanctions américaines, dont visiblement l’entreprise chinoise ne s’attend pas à ce qu’elles s’allègent avec l’élection de Joe Biden à la présidence des États-Unis.