Apple profite de l’App Store pour promouvoir ses propres services aux dépens de la concurrence. Voici l’accusation que porte Spotify depuis plusieurs années. Le Suédois a déposé une plainte en ce sens devant la Commission européenne.
Dans le monde de la musique en ligne, l’arrivée d’Apple Music n’a pas été appréciée de ses concurrents. Car, contrôlant l’App Store, la marque à la pomme jouit d’un avantage : il ne prélève pas de commission sur les transactions sur son service de streaming musical, contrairement à Spotify qui se voit contraint de verser 30% des recettes abonnements à Apple… ce qui l’oblige à monter ses prix sur la boutique applicative d’iOS.
Et ça, le Suédois ne l’a jamais digéré. Depuis 2015, il livre une guerre larvée à l’entreprise de Tim Cook, incitant les utilisateurs de l’application sur iOS à passer par son site web pour renouveler leur abonnement, qui ne coûte alors que 9,99 euros par mois, contre 12,99 en passant par l’App Store et sa commission de 30%. Mais, lorsque le Scandinave a tenté en 2016 de proposer une inscription en deux temps sur son app, Apple a vu rouge et a bloqué la mise à jour.
Une taxe désavantageuse
Et depuis, ça continue, les deux entreprises se tirant dessus à boulets rouges de temps à autre. Mais cette fois-ci, Spotify monte d’un cran. Dans un communiqué, Daniel Ek, le CEO de l’entreprise suédoise, annonce avoir déposé une plainte à l’encontre d’Apple auprès de la Commission européenne. « Apple est à la fois propriétaire de la plate-forme iOS et de l'App Store et concurrent de services tels que Spotify » écrit-il. « En théorie, ça va. Mais dans le cas d’Apple, ils contribuent à lui donner un avantage injuste à tout bout de champ ».
Le CEO explique que les règles instaurées ces dernières années par Apple « limitent délibérément le choix et étouffent l'innovation au détriment de l'expérience utilisateur - agissant essentiellement à la fois comme joueur et comme arbitre pour désavantager délibérément les autres développeurs d'applications ». Pour illustrer son propos, Daniel Ek prend un exemple au hasard : la commission de 30% sur les achats. Qu’il qualifie d’ailleurs de taxe.
Là où Spotify doit être soumis à cette commission, il se voit contraint d’adapter ses prix en conséquence. En passant par le système de paiement de l’App Store, l’abonnement grimpe donc à 12,99 euros, là où Apple Music propose une souscription mensuelle à 9,99 euros. Et lorsque le Scandinave tente une stratégie de contournement, « Apple applique alors une série de restrictions techniques et limitant l’expérience utilisateur sur Spotify ».
Netflix et Spotify dans le même bateau
Spotify insiste : il ne s’agit pas de demander un traitement de faveur. Mais alors que les appels à démanteler les GAFAM se multiplient, Daniel Ek en profite. « Les magasins d'applications ne devraient pas être autorisés à contrôler les communications entre les services et les utilisateurs » souligne-t-il. Apple n’a pas officiellement réagi, mais on peut parier que la marque à la pomme ne va pas se laisser faire.
En effet, le géant mise de plus en plus sur les services alors que le cœur de son activité, l'iPhone, connait quelques ralentissements. Il pourrait d’ailleurs annoncer un service de VOD le 25 mars. Or devinez qui tente, comme Spotify, de contourner la barrière tarifaire de l’App Store ? Nul autre que Netflix. Ce qui laisse présager de nouvelles actions en justice accusant la marque à la pomme d’abuser de sa position pour verrouiller l’écosystème iOS et avantager ses propres services.