Après une première annonce en 2020, Toyota et Woven Planet Holding, sa filiale créée en janvier dernier, viennent de démarrer les travaux de la ville du futur : «Woven City», entièrement connectée, construite pour réduire l’empreinte carbone – panneaux photovoltaïques, pile à hydrogène, végétation hydroponique à l’appui – et autonome, accueillera à terme deux mille habitants. Cette cité préfigure ce que pourraient être nos villes dans quelques années.
En 2020, Toyota et Woven Planet Holdings, filiale du fabricant automobile japonais créée en début 2021, annonçaient leur volonté de créer une ville entièrement connectée non loin du Mont Fuji et respectueuse de l’environnement – «Woven City » en anglais – de 70 hectares sur le site de Higashi-Fuji, près de Susono, la préfecture de Shizuoka. Pour le constructeur, ce site possède une grande valeur historique, car durant cinquante ans, les quelque 7000 employés y ont fabriqué plus de 7,5 millions de voitures. Un an après l’annonce du groupe automobile, les premières pierres de cette toute nouvelle cité du 21e siècle ont été posées lors d’une cérémonie avec de nombreux officiels de Toyota, dont son président Akio Toyoda, de Woven Planet et de la région. Un premier pas vient donc d’être franchi et le projet prend enfin forme avec une architecture de la ville qui a été confiée au Danois Bjarke Ingels, fondateur et directeur créatif de Bjarke Ingels Group (BIG). On lui doit notamment la Lego House, au Danemark, et les sièges sociaux de Google, à Mountain View (Californie) et à Londres.
Un projet pharaonique du 21e siècle
Mais une question se pose. De quoi parle-t-on quand on évoque cette ville du futur? De quoi s’agit-il vraiment? Conçue comme un « laboratoire vivant », la «Woven City» servira de foyer à quelque 360 résidents (senior, familles) et chercheurs qui pourront tester et développer des technologies telles que l’autonomie, la robotique, la mobilité personnelle, les maisons intelligentes et l’Intelligence artificielle dans un environnement propice. À terme, la Woven City pourra accueillir environ deux mille personnes. « Un projet pharaonique », comme l’a souligné Akio Toyoda. « Construire une ville complète à partir de zéro, même à petite échelle, est une occasion unique de développer les technologies futures, y compris un système d’exploitation numérique pour les infrastructures de la ville. Les personnes, les bâtiments et les véhicules seront tous connectés et pourront communiquer entre eux via des données et des capteurs », a-t-il expliqué.
Faire cohabiter intelligemment piétons et véhicules
« Un essaim de technologies commence à changer radicalement la façon dont nous habitons et évoluons dans nos villes », précise de son côté Bjarke Ingels, «Les solutions de mobilité connectées, autonomes, non polluantes et partagées ne manqueront pas de libérer un monde d’opportunités pour de nouvelles formes de vie urbaine. (…). Je pense que nous avons une occasion unique d’explorer cela avec la Woven City, qui pourrait ouvrir de nouveaux horizons pour d’autres villes.» Pour ce projet, Toyota n’est pas seul puisque l’entreprise a ouvert son développement à d’autres sociétés pour qu’elles deviennent partenaires et à des universitaires. Des scientifiques et chercheurs auront ainsi l’occasion de pouvoir y travailler pour développer leurs propres projets.
Imaginé par Toyota et le cabinet BIG, le plan directeur de la ville va se baser sur trois niveaux différents d’utilisation des rues : une partie dédiée aux véhicules les plus rapides, une partie mêlant engins autonomes de mobilité douce et piétons et enfin une dernière partie réservée uniquement aux piétons. Deux parcs de quartier et un grand parc central pour les loisirs, une place centrale pour les rassemblements sociaux auront vocation à permettre aux habitants de se réunir comme une communauté. Ces trois types de voies vont bien entendu s’entremêler formant un motif comme une grille, dont l’objectif sera d’accélérer les tests de cohabitation entre véhicules et piétons. Une route souterraine supplémentaire devrait être utilisée pour le transport autonome de marchandises dans toute la ville. Toujours en matière de transport, les déplacements des habitants et des produits se feront essentiellement avec le véhicule autonome e-Palette conçu par Toyota. Dévoilé au Tokyo Motor Show en octobre 2019, cet engin sera notamment utilisé dans le village des Jeux olympiques de Tokyo à l’intention des athlètes et du personnel.
Une cité conçue pour réduire l’empreinte carbone
Pour rester dans le rayon environnemental, la Woven City sera conçue avec des bâtiments principalement en bois pour minimiser l’empreinte carbone et en utilisant des menuiseries en bois japonaises traditionnelles, combinées à des méthodes de production robotisées. Toyota prévoit également de tisser toute la ville avec de la végétation locale et de la culture hydroponique. Il s’agit d’une méthode hors-sol qui utilise des solutions nutritives renouvelées. Pour l’énergie, les toits seront recouverts de panneaux photovoltaïques pour utiliser l’énergie solaire en plus de celle produite par des piles à hydrogène sur lesquelles Toyota travaille depuis 2017.
Enfin, les habitants de cette Woven City vont bénéficier de résidences connectées et robotisées avec les dernières technologies en matière d’aide à la personne pour faciliter la vie quotidienne. Les habitations vont également utiliser au mieux les innovations actuelles et futures pour suivre et s’occuper des résidents. Grâce à des capteurs, l’Intelligence artificielle pourra vérifier la santé des occupants ou répondre aux besoins de base.
Bien entendu, il faudra attendre encore de nombreux mois pour que le projet soit totalement construit et achevé. Mais cette ville connectée qui va entièrement sortir de terre laisse entrevoir ce que pourront préfigurer nos agglomérations dans quelques années.
Woven Capital s’engage auprès de Nuro
Au sein de Woven Planet Holding on trouve plusieurs sociétés dont Woven Planet ou Woven Capital. Cette dernière est un fonds d’investissement doté de 800 millions de dollars avec pour objectif d’investir dans des entreprises spécialisées dans la mobilité douce. Fin mars, Woven Capital est entré dans le capital de Nuro, une société américaine de robotique basée à Mountain View (Californie) et qui développe des engins autonomes (le modèle R2 par exemple) pour les livraisons dites du «dernier kilomètre». Aux États-Unis, Nuro a notamment annoncé des partenariats avec Kroger (groupe propriétaire de surfaces alimentaires), Domino’s Pizza, Walmart (grandes surfaces alimentaires), Chipotle (fast food) et CVS (pharmacie).