Le fondateur de l’exchange de cryptomonnaie FTX a été reconnu coupable des sept chefs d’inculpation qui pesaient contre lui. Il risque jusqu’à 115 ans de prison.
Il aura fallu moins de trois heures au jury pour rendre son verdict. C’est sans grande surprise que l’ancien patron de FTX Sam Bankman-Fried a été reconnu coupable des chefs d’inculpation de fraude et de blanchiment d’argent retenus contre lui. Sa peine sera connue le 28 mars prochain et le prince déchu de la crypto risque gros, puisqu’il pourrait être condamné à un maximum 115 ans de prison.
Un second procès prévu pour mars
« Sam Bankman-Fried a perpétré l’une des plus grandes fraudes financières de l’histoire américaine », a déclaré le procureur Damian Williams. Et d’ajouter que : « L’industrie de la cryptomonnaie est récente et des acteurs comme Sam Bankman-Fried sont nouveaux dans le secteur, ce type de corruption est aussi vieux que le monde. »
Lors du procès qui a duré 4 semaines, anciens amis, proches, et ex-lieutenants se sont succédés à la barre pour témoigner contre l’homme d’affaires de 31 ans. A commencer par Caroline Ellison, ex-petite amie de SBF et ancienne directrice d’Alameda et Gary Wang, cofondateur de FTX et ami d’enfance.
L’avocat de SBF a déclaré par voie de communiqué que son client « maintient son innocence et continuera à lutter vigoureusement contre les accusations portées contre lui ». La défense de SBF a consisté à dire qu’il n’avait pas commis de fraude, mais des erreurs commerciales. Un second procès est prévu début mars. Le gouvernement des Etats-Unis a jusqu’au 1er février pour indiquer s’il poursuit ou non la procédure.
Placements à haut risque
A la tête de la deuxième plus grande plateforme de cryptomonnaies, FTX, et avec une fortune estimée à 26 milliards de dollars, tout souriait à Sam Bankman Fried. Pourtant, fin 2022, son empire s’est effondré comme un château de cartes.
Après enquête, il a été révélé qu’Alameda, filiale de trading de FTX, a détourner l’argent de ses utilisateurs pour payer des biens immobiliers, des investissements en capital-risque, des parrainages d'entreprises, ou encore pour couvrir les pertes d’Alemada, sans leur accord. Début novembre 2022, le média Coindesk a dévoilé que Alameda avait converti une grande partie de ses actifs en jetons FTT, la monnaie numérique de FTX. Ce qui l’exposait à une chute de devise. Ce qui n’a pas manqué.
A peine quelques heures après ces révélations, le patron de Binance Changpeng Zhao, première plateforme mondiale d’échange de cryptomonnaies et concurrent de Sam Bankman Fried, a annoncé revendre tous les FTT que possédait son entreprise. La panique s’est installée et les utilisateurs, tout comme les institutionnels, ont retiré leur fonds en masse pour récupérer ce qui pouvait l’être. En quelques jours, la valeur du FTT s’est effondrée de 90% et près de 9 milliards de dollars se sont envolés.
Subordination de témoins
Mi-novembre, l’entreprise s’est déclarée en faillite auprès d’un tribunal du Delaware. Dos au mur, Sam Bankman Fried a finalement été extradé des Bahamas vers les Etats-Unis en décembre de la même année. Il a été dans un premier temps remis en liberté après le paiement d’une caution de 250 millions de dollars, avant d’être incarcéré en août 2023, pour tentative de subordination de témoin. L’entrepreneur est accusé par le procureur Damian Williams d’avoir transmis des documents au média le New York Times afin d’influencer le témoignage de son ex-compagne et ex-patronne d’Alameda, Caroline Ellison.