En République Centrafricaine, un projet de loi adopté le 26 avril dernier, fait du Bitcoin (BTC) une monnaie légale. Dans un pays où à peine plus de 10% de la population a accès à internet, la démarche pose question.
Le bilan mitigé du Salvador 6 mois après l’adoption du Bitcoin comme monnaie légale n’a pas refroidi la République Centrafricaine. Le pays vient à son tour d’adopter le BTC comme monnaie légale en adoptant mardi 26 avril un projet de loi régissant la cryptomonnaie dans le pays.
« La présente loi a pour objet de régir toutes les transactions liées aux cryptomonnaies en République Centrafricaine, sans restriction, avec un pouvoir d’émission illimité dans toute sa transaction et à tout titres effectuées par les personnes physiques ou morales, publiques ou privées », stipule le texte. A quoi s’ajoute que les transactions en cryptomonnaie ne seront pas soumises à l’impôt.
Le gouvernement s’est félicité de cette démarche dans un communiqué. « La République Centrafricaine n'est pas seulement le premier pays d'Afrique à adopter le Bitcoin comme monnaie de référence, mais aussi le premier pays au monde à adopter à l'unanimité le projet de loi qui gouverne la cryptomonnaie. »
Via cette mesure, l’exécutif indique qu’il cherche « les moyens nécessaires » à la création d’une économie stable et prospère. La décision s’inscrit d’ailleurs dans un plan de redressement économique et de consolidation de la paix.
11% de la population est connectée
Il y a fort à parier que par cette stratégie, le pays d’Afrique souhaite attirer les investisseurs 3.0. « Tout en étant conscient des difficultés que nous allons devoir affronter pour poursuivre notre mission », ajoute néanmoins le gouvernement dans son communiqué.
En effet, la portée immédiate de cette mesure pose question. Minée depuis des décennies par des conflits et l’instabilité politique, la République de centrafrique est le 2ème pays le moins développé au monde selon l’ONU. Seuls 11 % de la population a accès à Internet d’après DataReportal.
Cette nouvelle, c’est aussi la crainte de « la recherche de voies de contournement des sanctions financières internationales par la Russie », a exprimé Thierry Vircoulon, spécialiste de l'Afrique centrale à l'Institut français des relations internationales (IFRI), interrogé par l’AFP. Une nouvelle qui, dans un « contexte, avec une corruption systémique et un partenaire russe sous sanctions internationales, incite à la suspicion ».
Fin 2020, des groupes armés avaient lancé une offensive contre le président de la République Centrafricaine Touadéra qui avait alors appelé Moscou à l’aide. Les mercenaires de la compagnie russe de sécurité privée Wagner s’en étaient chargés…