On nous promettait des mesures de soutien à la transformation numérique des TPE-PME. Mais à l’exception des aides financières, le gouvernement se contente de ressasser des mesures déjà existantes, certaines lancées lors du premier confinement.
Dans son point presse jeudi soir, le gouvernement s’était exprimé sur l’impact économique du confinement et les mesures de soutien aux entreprises, par la voix de son ministre de l’Economie. Bruno Le Maire s’était ainsi exprimé sur la numérisation des TPE-PME, déplorant que seulement 32% d’entre elles disposent de leur propre site internet. “La vente à emporter, les livraisons à domicile, qui restent autorisées pendant la période de confinement doivent se développer et se généraliser. Elles peuvent apporter du chiffre d’affaires aux entreprises qui sont fermées administrativement” insistait-ils.
L’exécutif revient d’ailleurs sur le click and collect, notamment chez les libraires, un terme que nous avons pu entendre à de nombreuses reprises dans la bouche de nos responsables politiques. Et cette inévitable question : comment mettre en place des points de click and collect lorsque l’on a ni site internet, ni outil de gestion des ventes en ligne ? Bruno Le Maire indiquait dans son discours : “nous soutiendrons toutes les initiatives qui permettront aux commerçants de continuer à avoir une activité et qui ne présentent aucun risque de diffusion du virus”.
Où sont les mesures concrètes ?
Mais, là encore, pas de détails sur les mesures spécifiques en faveur de la transformation numérique des entreprises, d’autant que dans l’énumération des aides financières annoncées, de 15 milliards d’euros, par Bruno Le Maire, cette aide à la numérisation n’y figure pas. Contacté vendredi, le cabinet du ministre a botté en touche, nous recommandant de lire Le Parisien ce samedi de sorte à obtenir réponses à nos questions.
Ce que nous avons évidemment fait dès l’aube. Dans une interview fleuve, le ministre de l’Économie et des Finances explique tout d’abord que “nous permettrons à ces commerces de faire du « click & collect ». Chaque particulier pourra téléphoner ou passer une commande sur Internet — si le magasin en a un — pour commander le jouet qu'il souhaite”. Pas d’aide donc sur la mise en place du click and collect, il faudra déjà que les commerces aient un site Internet ou soient en capacité de prendre des commandes par téléphone.
100 millions
Sur la numérisation, Bruno Le Maire assure vouloir “donner les moyens aux commerçants de se numériser”. Ainsi, “100 millions d'euros du plan de relance seront débloqués pour accompagner les chefs d'entreprise dans leur digitalisation, via une aide directe ou un crédit d'impôt” nous apprend l’interview. On ignore si cette somme s’ajoute aux 400 millions déjà prévus dans le plan de relance pour la transformation numérique des PME, ou si elle y est comprise.
Pour simplifier et réduire les coûts de développement d’un site web, Bruno Le Maire explique avoir demandé au directeur général de La Poste “d'accompagner toutes les communes à mettre en place des plates-formes digitales — appelées Ma Ville, Mon Shopping — sur lesquelles vous pouvez trouver l'ensemble des commerces de votre ville et acheter en ligne des produits”.
Cette plateforme, filiale du groupe La Poste née en 2015, joue en effet le rôle de marketplace localisée, généralement à l’échelle d’une ville, permettant de retrouver un certain nombre de commerces inscrits et d’y acheter leurs produits. Ma Ville, Mon Shopping propose aux commerçant, outre un site e-commerce, une livraison des commandes assurées par le groupe La Poste, par le commerce lui-même ou le click and collect.
La Poste en soutien
Lors du premier confinement, La Poste a rendu Ma Ville Mon Shopping totalement gratuit pour les professionnels et, depuis juin dernier, n’applique ni engagement ni abonnement mais prélève une commission de 5,5% hors taxe sur les ventes. On ignore si, sur demande du gouvernement, la plateforme rebasculera dans la gratuité.
Mais il ne faut pas s’arrêter à une mutualisation des ressources : chaque commerce doit avoir son site Internet, assène à nouveau Bruno Le Maire. “Nous mettons donc à disposition, sur la page « Offre préférentielle commerçants » du site economie.gouv.fr, une liste permettant à chaque commerçant de savoir quel est l'outil le plus adapté à son développement digital”.
Cette page, disponible depuis avril dernier, liste les solutions disponibles pour créer un site marchand, définir des moyens de paiement, assurer la livraison des commandes ainsi que communiquer, avec des informations utiles telles que les tarifs, l’engagement ou encore l’accompagnement de tel ou tel outil. Notons que la page n’a pas encore été mise à jour et que, en conséquence, toutes les informations ne sont pas actualisées.