Le projet Loon de Google prend du plomb dans l’aile

Google rêve de connecter jusqu’à 4 milliards de personnes avec ses ballons stationnaires Loon. Mais une affaire de brevets pourrait lui coûter la réussite de ce projet. 

En 2008, Google avait tenté une approche pour s’associer ou racheter une petite entreprise américaine nommée Space Data. L’opération avait finalement capoté, et chacun était finalement reparti dans son coin jusqu’à l’été 2016 : le géant de Mountain View était accusé par Space Data de lui avoir volé deux brevets mais aussi d’avoir violé un accord de non-divulgation. Pas vraiment un problème pour Google et son armée d’avocats qui ont l’habitude de ce genre de procédures. 

Mais pas cette fois-ci : en juin 2017, Space Data a réussi à faire valoir ses droits auprès du bureau américain des brevets (US Patent and Trademark Office), qui a annulé un brevet de Google concernant les ballons stationnaires de son projet Loon. En l’occurrence, il s’agit particulièrement d’un brevet permettant de faire varier la direction d’un ballon en ajustant son altitude, ce qui constitue l’une des pierres angulaires du système. Cette technologie est désormais propriété de Space Data qui l’avait déposé en 2001. Selon Wired, qui rapporte l’information, c’est la première fois que le géant du Web perd l’un de ses 36 000 brevets pour ce qu’on appelle une « interférence » ; il s’agit en fait d’attribuer un brevet au premier qui a inventé la technologie en question. 

C’est donc d’un revers majeur, qui est plus qu’une épine dans le pied pour le déploiement, à terme, de centaines de ballons stationnaires sensés pouvoir connecter à Internet des milliards d’êtres humains dans le monde entier. Un procès entre les deux parties est prévu à l’été 2019. Mais d’ici là, Space Data pourrait bénéficier d’une injonction préliminaire, ce qui signifierait que Google devrait alors arrêter d’utiliser la technologie de variation de la direction d’un ballon. En d’autres termes : le projet serait à terre, au premier comme au second degré. Ce serait toutefois mal connaître Google, qui maîtrise les armes juridiques.