Michel Paulin, directeur général de SFR. L’opérateur crée Altice Infrastructures, bras armé de sa stratégie fibre. Il s’agit de couvrir l’intégralité du territoire en fibre optique de bout en bout, sans piocher dans les subventions publiques et en modernisant le réseau câblé.
La déclaration de Michel Paulin, directeur général de SFR, a fait l’effet d’une bombe : l’opérateur s’engage à fibrer (en FTTH) 80% du territoire français, et même 100% à l’horizon 2025. Et ce, sans toucher aux subventions publiques ni en passant par les RIP (Réseaux d’Initiative Publique). Ce financement sur fonds propres aboutira alors à ce que SFR, via sa nouvelle filiale Altice Infrastructures, détienne un réseau national sur lequel pourront se brancher les autres opérateurs.
A l’heure où le plan France THD fait débat, où les solutions alternatives dites RTTH sont prises au sérieux et se développent, et où le gouvernement cherche comment tenir ses engagements, autant dire que les ambitions de SFR sont pour le moins détonantes.
Un réseau fibre de bout en bout
C’est l’objectif de SFR. Les travaux débuteront dès septembre et les premiers foyers seront raccordés avant Noël prochain. Et quand Michel Paulin parle de fibre, il parle bien de fibre optique FTTH (Fiber to the Home), sans équivoque. Là où il dispose déjà d’un réseau FTTB, son réseau câblé, « Nous souhaitons pouvoir moderniser à terme la partie terminale de ce réseau déjà fibré, pour offrir de la fibre de bout en bout », explique-t-il dans un entretien aux Echos.
Sur ce point, c’est un véritable revirement de situation. SFR s’est longtemps battu pour expliquer qu’il n’y avait pas (ou presque) de différence entre FTTH et FTTB, suite à la parution d'un arrêté contraignant en mars 2016. S'en était même suivi une campagne publicitaire agressive. Il prouve ici le contraire.
La réponse est toujours la même à toutes les questions : fibrer 100% du territoire d’ici à 2025, peu importe les RIP, l’argent public, etc. « Nous ferons économiser 8 à 15 milliards d'euros au budget de la France », estime-t-il encore. Il évoque 3 à 10 milliards de subventions d’aides publiques et « plusieurs milliards dans la perte de valeur pour l'Etat, actionnaire d'Orange ».
Le directeur général de SFR a réponse à tout. Sur les investissements, qui sont de plus de 2 milliards d’euros actuellement, « Il ne s'agit pas de dépenses, mais d'investissements à long terme ». SFR est endetté (4x son Ebidta) ? « Etre propriétaire de son réseau, c'est notre business model, c'est aussi une garantie de retour sur investissement à long terme ». Cette annonce serait un coup de bluff ? « C'est notre première contribution au gouvernement, concrète, opérationnelle et basée sur nos convictions. Nous sommes prêts à travailler avec Orange ». SFR n’a pas encore tenu ses engagements de déploiement dans certaines zones ? « SFR a changé. Altice-SFR a démontré sa capacité de déploiement inégalé (…) L'ancien SFR était en retard. Sur le fixe, nous disposons toujours de la première couverture THD fixe, avec près de 10 millions de prises fibre ».
Les promesses n’engagent que ceux qui les écoutent, disait Henri Queuille.