En quelques mois à peine, le terme ICO (pour « Initial Coin Offering) est revenu des dizaines de fois dans les médias et commence à s’installer doucement en plus des traditionnelles IPO (entrées en bourse) ou opérations de crowdfunding. Actuellement, on recense déjà une dizaine d’entreprises par semaine (si ce n’est plus désormais) qui réalisent des ICOs ; qui sont à mi-chemin entre l’IPO et le crowdfunding. Ce marché est donc en pleine effervescence, bien que la récente décision de la Chine de les interdire sur son territoire et à ses entreprises locales a jeté un coup de froid sur le cours des cyber-devises elles-mêmes. Entre ce mercredi 13 septembre et jusqu’au 30 septembre prochain, le site ICOAlert en recense 115 à venir.
Cette folie qui entoure les ICOs a déjà poussé bon nombre d’observateurs plus ou moins avertis à parler de spéculation et d’une bulle. C’est le discours auquel se joint le créateur d’Ethereum, Vitalik Buterin. « Ce serait une erreur de sous-estimer la valeur des ICO ou de dire que c’est quelque chose de mal. Elles sont intéressantes car elles permettent la monétisation de projets open source, ce qui n’arrive pas souvent », explique-t-il d’abord à Finance Magnates, rappelant que le projet blockchain Ethereum est lui aussi né d’une ICO.
La fête est bientôt finie ?
En revanche, poursuit-il, « je pense en effet que nous sommes dans une bulle car toutes les cybermonnaies sont en forte hausse et les gens ont le sentiment qu’elles vont toujours continuer de croître ». Sentiment partagé, mais à qui la faute alors que le Bitcoin est passé d’à peine plus de 110 dollars l’unité en septembre 2013 à 3 870 dollars actuellement ? Les ICOs sont un excellent moyen de lever de l’argent mais leur apparente facilité de mise en oeuvre et le potentiel de gains qui peuvent être levés en quelques heures poussent certaines entreprises à se lancer trop vite et donc mal. « Beaucoup de projets lèvent beaucoup plus d’argent que ce qu’ils ne pourraient le faire en passant par des investisseurs traditionnels et parfois il n'y a pas de concordance entre la nécessité et l'utilité du projet et sa capacité à collecter de l'argent », poursuit Vitalik Buterin.
Les ICOs sont finalement encore à l’image des technologies blockchain : jeunes et encore incontrôlables. « A terme, de nombreux projets vont échouer et de nombreuses personnes vont perdre de l’argent », prophétise-t-il. Beaucoup d’argent, c’est en effet un risque tant qu’il est difficile de juger de la viabilité globale d’un projet pour un investisseur esseulé ; pour le moment, aucun outil suffisamment performant ne permet de le faire. En revanche, des autorités comme la SEC se penchent sur la régularisation de ces ICOs. La fête pourrait ne pas durer éternellement…