Que ce soit pour trouver un emploi, contacter sa banque, faire des achats en ligne voire la télémédecine qui se développe, l’accès à Internet devient primordial. Mais en y regardant bien, malgré les efforts de ces dernières années, nous sommes encore loin du compte. 7,5 millions de foyers français ont un accès inférieur à 3 Mbit/s, et 0,5 million de personnes n’ont rien du tout !
Voici la fracture numérique comme elle existe vraiment en France. Il « faut vivre dans une ville de 50 000 habitants pour avoir ne serait-ce qu’une chance sur deux d’avoir du très haut débit », explique Alain Bazot, le président de l’UFC-Que Choisir dans une conférence téléphonique. Dans 16 départements de la métropole, plus de 20% des habitants ne sont pas éligibles à un Internet de qualité minimale, précise encore l’association. Sur le territoire, 49,7% de la population est actuellement éligible à une offre THD, soit plus de 30 Mbit/s. Même s’il faut faire attention à cette donnée car elle n’est que théorique et que nous manquons de chiffres exacts pour la confirmer.
L’État est intervenu trop tard
« L’État n’a pris que tardivement ses responsabilités. Aucune réelle action n’a été prise jusqu’en 2010 », explique quant à lui Antoine Autier, responsable adjoint des études à l'UFC-Que Choisir. Et cela se ressent actuellement quand on compare le taux de ménages couverts en THD en France avec les pays européens :
Avec un taux de couverture de 44,8% en 2015 en France, le premier objectif du plan France THD (qui est de couvrir 50% en 2017) sera tenu, certes. Mais qu’en est-il du reste ? Le second objectif est 100% de couverture d’ici à 2022, ce qui s’annonce « inatteignable » selon l’UFC-Que Choisir. Pourquoi ? Parce que « le rythme de couverture en FTTH devrait augmenter de +174% pour atteindre l’objectif de 2022 » comme on peut le voir sur la projection ci-dessous :
Au rythme actuel, 80% des utilisateurs auront accès au FTTH en 2035 ! Attention toutefois à ce graphique : lorsqu’on discute avec les opérateurs, ils expliquent qu’ils gagnent en efficacité de déploiement d’année en année, accumulant de l’expérience en la matière. Ce qui induit que le rythme augmente, comme on le constate d’ailleurs entre 2011 et 2016, en parallèle des investissements.
Réorienter les financements
Les investissements sont aussi au cœur de la problématique. L’avance prise par Orange dans la fibre optique s’explique assez naturellement par son ex-statut de monopole. « Nous ne sommes pas là pour défendre les autres opérateurs mais leurs capacités de financement sont moindres », souligne Antoine Autier. Interrogé sur l’annonce de SFR, qui veut fibrer 80% du territoire sur fonds propres d’ici 2022, il remarque que ni SFR ni Orange ne sont « champions sur les prix » et que cela suscite des interrogations quant à la stratégie tarifaire qui sera mise en place.
Parallèlement, l’UFC-Que Choisir demande au gouvernement une réorientation des financements dans les réseaux de l’Internet fixe dans les zones aujourd’hui dépourvues d’un Internet de qualité. « Là où l’accès Internet de qualité n’existe pas », conclut Alain Bazot.