L'essor de la presse en ligne a bien entendu changé la manière dont les médias gagnent de l’argent. Et si la réponse est bien souvent la publicité, d’autres modèles ont émergé et tentent encore d’émerger. La preuve en est avec nos confrères de StreetPress qui s’essayent à une expérience originale : « proposer à nos lecteurs, pendant qu’ils lisent un reportage ou une enquête sur le site, que leur ordinateur travaille… pour le média ».
Concrètement, ils ont recours à Coinhive, un mineur JavaScript pour la blockchain Monero et qui s’intègre à un site Web. C’est-à-dire que pendant le temps passé par les internautes sur un site, une partie de la puissance CPU de leur ordinateur est mise à disposition afin de miner la cybermonnaie. Idem si vous utilisez un smartphone ou une tablette. C’est-à-dire que la puissance est utilisée pour résoudre des hash cryptographiques. Qui plus est, il n’y a rien à installer sur l’ordinateur puisque c’est un script qui est exécuté. Le principe est donc simple mais dans les faits, tout n’est pas aussi facile.
Coinhive souvent bloqué
Ce principe fonctionne bien lorsque le temps passé par les internautes sur un site est long. Ce qui convient plutôt bien à StreetPress dont les articles sont souvent longs, ainsi que les reportages vidéo qu’ils proposent. Plusieurs éditeurs ont eu recours à Coinhive depuis quelques mois, notamment The Pirate Bay, qui souhaitait être moins dépendant vis-à-vis de la publicité. Mais surtout, de nombreux sites implémentent aussi Coinhive sans prévenir les utilisateurs. Cela a aussi conduit certains à pirater des sites pour intégrer le code de minage et ainsi récupérer les gains.
Mais le problème n’est pas là. Tout d’abord rappelons que Coinhive a récemment été piraté : pendant plusieurs heures, les serveurs DNS ont été détournés et des pirates se sont ainsi adjugés tous le « travail » accompli par les internautes minant Monero. De plus, le service de minage s’attire régulièrement les foudres de certains éditeurs, à commencer par Palo Alto Newtorks. S’il ne considère pas Coinhive comme « une activité malicieuse », il regrette toutefois que de nombreux sites l’implémente sans le consentement explicite des utilisateurs ; ce qui, rappelons-le, n’est pas la démarche de StreetPress.
D’autres vont désormais plus loin, à l’instar de Malwarebytes qui, depuis mi-octobre, bloque purement et simplement l’accès à Coinhive par défaut. Avast fait de même depuis début octobre. Et la liste pourrait s'allonger.
Toutefois, il ne faut pas perdre de vue l’objectif initial, qui est d’inventer/créer un modèle économique plus intelligent pour la presse en ligne. La manière de faire de Coinhive n’est peut-être pas la bonne mais la démarche d’utiliser la puissance machine en tant que contribution est, elle, intéressante.