Le président vénézuélien Nicolas Maduro a annoncé la création d’une devise virtuelle, le « Petro ». Indexé sur les réserves de certaines ressources du pays, dont le pétrole, cette cryptomonnaie doit permettre au Venezuela de passer outre les sanctions financières américaines, mais aussi réduire l’attrait du bitcoin auprès des citoyens vénézuéliens.
Le Venezuela se dote de sa propre monnaie virtuelle. Nicolas Maduro, le président de ce pays d’Amérique du Sud, l’a annoncé dimanche sans trop révéler de détails sur le « Petro », nom donné à cette « cryptodevise ». Ce n’est pas vraiment une première pour un Etat souverain : l’Equateur a ouvert la marche en 2015 avec le SDE, Singapour et la Suède procèdent quant à eux à des tests sur ce terrain depuis plusieurs mois.
Dans le cas du Venezuela, on ignore encore si le « Petro » s’appuiera sur une blockchain. Le président a seulement expliqué que sa valeur sera indexée sur les réserves de pétrole, de gaz, d’or et de diamants du pays, de sorte à « avancer sur les questions de souveraineté monétaire » de l’Etat bolivariste. De fait, le « Petro » vise principalement à « contourner le blocus financier des Etats-Unis » selon Nicolas Maduro.
Un pétro-bolivar ?
Depuis août dernier, l’administration Trump fait pleuvoir les sanctions économiques sur le Venezuela, alors que la dette du pays se creuse et que les agences de notation estiment que le pays est en défaut de paiement. En septembre, Caracas interdisait aux entreprises nationales la vente de pétrole en dollars, les groupes pétroliers devant préférer à la monnaie américaine d’autres devises.
Le « Petro » doit justement permettre de « nouvelles formes de financement international du développement économique du pays », aux dires de Nicolas Maduro. Mais le gouvernement entend bien que la nouvelle monnaie virtuelle ait un impact sur le marché intérieur aussi. Venezuela souffre du taux d'inflation le plus fort au monde, 800% cette année. La monnaie locale, le Bolivar, dégringole, perdant près de 50% de sa valeur en 2017.
Dès lors, les cryptomonnaies, bitcoin en tête, sont des valeurs refuge pour une partie croissante de la population. Au grand dam de Caracas, n’ayant aucun contrôle sur ces monnaies virtuelles. La création du « Petro » pourrait contrebalancer cette tendance, voir redonner un second souffle au Bolivar. Mais encore faut-il que les citoyens aient confiance en cette nouvelle monnaie.