L’opération, annoncée en décembre dernier, doit permettre d’intégrer les algorithmes de reconnaissance musicale de Shazam à Apple Music. Mais la Commission ne l’entend pas de cette oreille : elle a ouvert une enquête approfondie sur ce rachat, craignant qu’Apple n’en profite pour désavantager ses concurrents.
Apple annonçait en décembre dernier le rachat de Shazam pour 400 millions de dollars. En février, l’Autriche, soutenue par plusieurs autres Etats-membres, demandait à la Commission d’enquêter sur cette acquisition. Celle-ci expliquait alors craindre « que l'opération pourrait nuire de manière significative à la concurrence au sein de l'Espace économique européen ».
Son enquête initiale a « soulevé plusieurs problèmes liés à la combinaison de la forte position de Shazam sur le marché des applications de reconnaissance musicale et de la position d'Apple sur le marché des services de diffusion de musique en continu ». Des problèmes qui nécessitent l’ouverture d’une enquête approfondie sur cette opération, annoncée hier dans un communiqué. Margrethe Vestager, commissaire à la concurrence, précise l'objectif de la Commission. « Notre enquête a pour but de faire en sorte que les amateurs de musique continuent de bénéficier d'offres attrayantes de musique en continu et ne voient pas leur choix limité à l'issue de la concentration proposée ».
Avantage concurrentiel
La Commission souligne qu’Apple et Shazam exercent des activités complémentaires. Le premier fournit un service de streaming, Apple Music, tandis que le second est « la principale application de reconnaissance musicale pour appareils mobiles dans l'Espace Economique Européen (EEE) et dans le monde entier ». A la suite du rachat, Cupertino pourrait aiguiller les utilisateurs de Shazam vers Apple Music et plus vers ses concurrents. Un point que la Commission examinera bien qu’elle ne considère pas « Shazam comme un point d'entrée essentiel vers les services de diffusion de musique en continu ».
Surtout l’institution s’inquiète de l’accès par Apple via Shazam « à des données sensibles sur le plan commercial concernant les clients de ses concurrents » dans le secteur du streaming. Ces données permettraient à Apple Music de cibler les utilisateurs de services concurrents de sorte à les inciter à passer sur Apple Music. « En conséquence, les services concurrents de diffusion de musique en continu pourraient se voir désavantagés sur le plan concurrentiel ». La Commission doit maintenant répondre à ces questions d’ici le 4 septembre.