Show Hello : les petites blagues de Stéphane Richard

Quel boute-en-train, ce patron d’Orange. Discourir pendant 45 minutes sur la vie privée, la confidentialité des données, ces méchants géants de l’Internet qui exploitent les données des malheureux Français pour leur seul profit, l’Europe, la France, la souveraineté… Tout ça pour finalement annoncer que son enceinte intelligente Djingo fonctionnera en parallèle avec... Alexa d’Amazon !

L’opérateur historique l’avait mauvaise ce matin et Free en a pris pour son grade avant même le début de la conférence. Les nouveautés que Xavier Niel a présentées, Orange les propose déjà. Et sans avoir besoin d’une nouvelle box, sans surcoût et surtout en laissant le choix à l’usager. Pour la petite histoire, certains confrères et consœurs rapportent que la présentation des nouvelles Freebox aurait dû avoir lieu le 14 décembre, mais Xavier Niel, ayant appris qu’Orange organisait son propre évènement de 12, aurait décidé d’avancer la date de sa conférence au 4 décembre.

L’opérateur historique était particulièrement mécontent de se faire griller la politesse. Et on le comprend puisque la grande majorité des annonces de ce matin était déjà connue. A commencer par ce service Maison Connectée, lancé au premier trimestre 2019, qui consistera à connecter les différents objets connectés de la maison à la Livebox, qui servira alors de hub domotique, par le biais d’une application dédiée.

Djingo

Ce service sera poussée par une prochaine mise à jour et gratuit pour tous les abonnés fixes de l’opérateur. « Nous n’aurez pas besoin d’une nouvelle box ou d’un nouvel abonnement » déclare sur scène Stéphane Richard, une petite pique à l’attention de Free. Un abonnement supplémentaire, il en faudra toutefois un pour profiter de l’offre Maison Sécurisée, un service de vidéosurveillance mis sur pied en partenariat avec Groupama et lancé lui aussi au premier trimestre 2019.

Puis vient la question de l’IA. Sans surprise, Orange montre son assistant virtuel Djingo et l’enceinte intelligente éponyme. Il s’agit de « rendre l’IA utile », dixit le patron de l’opérateur, avant d’être rejoint sur scène par Timotheus Höttges, le PDG de Deutsche Telekom. Djingo est en effet le résultat d’une collaboration entre les deux opérateurs, 150 de leurs ingénieurs ayant travaillé ensemble à l’élaboration de Djingo et de sa contrepartie teutonne Magenta.

Seattle-Les-Landes

Un partenariat européen sur lequel les deux patrons insistent fortement. Et c’est parti pour taper joyeusement sur les géants de l’Internet, véritables vampires à données, alors que des champions européens existent. Dans le cas de Djingo et Magenta, « toutes les données seront stockées et sécurisées sur le sol européen » assure Stéphane Richard. L’Europe qui, avec le RGPD, incarne la meilleure garantie pour la protection des données.

Dans le détail, Djingo sera « l’interface privilégiée de vos services Orange » : téléphonie, télévision, maison connectée… l’assistant virtuel permettra de tous les contrôler. Ce qui est déjà une première étape, certes, mais un peu léger en termes de fonctionnalités comparés à ces pompes à données que sont Echo d’Amazon et Home de Google. Donc, pour la partie e-commerce et recherche en ligne, Stéphane Richard est très fier de présenter le partenaire privilégié d’Orange… Amazon !

Dans la rangée où nous nous trouvions, l’information fut fraîchement accueillie, entre rire ironique et consternation. Force est de constater qu’après un long laïus sur le besoin d’un écosystème européen, la privacy et les méchants Américains, la couleuvre est assez difficile à avaler. Alexa, l’assistant d’Amazon, assistera donc Djingo. L’enceinte sera disponible au printemps prochain au prix de 49 euros.  

Privacy, blockchain, IoT… Bingo !

Autant dire que la suite du discours sur Mobile Connect et Moi, le service d’identité numérique d’Orange, pour lequel le PDG de l’opérateur assure que « à la différence des géants d’Internet, notre modèle ne repose pas sur l’exploitation de vos données », sur Orange Bank ou sur ce comité d’éthique interne était assez inaudible. On notera néanmoins que l’opérateur veut offrir aux collectivités locales une solution de vote électronique basée sur la blockchain. Proposition intéressante, mais sur laquelle nous n’avons pas plus d’information. Nous attendrons d’en savoir plus pour nous prononcer sur cette annonce.

Enfin, sur les questions de réseaux, Orange a évoqué pour 2019 l’ouverture d’une phase précommerciale de la 5G, avec un déploiement dans 17 villes européennes dont Paris, Marseille, Nantes et Lille. L’opérateur a également annoncé la création d’un second site de test, après Douai, dans son campus Orange Gardens de Châtillon.