Washington a introduit de nouvelles restrictions à l'exportation et au transfert de technologies de semi-conducteurs destinés à l'intelligence artificielle. Certains États membres de l'Union européenne seront soumis à des demandes d'autorisations.
Un dernier coup d'éclat avant de céder la place à Donald Trump. Le 13 janvier 2024, l'administration Biden-Harris a annoncé de nouvelles restrictions sur l'exportation des semi-conducteurs avancés (GPU), essentiels pour l'entraînement des modèles d'intelligence artificielle (IA). La Maison Blanche a de nouveau justifié ce paquet de mesures pour empêcher l'utilisation des technologies d'IA américaines à des fins militaires, de cybermalveillance ou de surveillance de masse.
Les exportations vers 120 pays, notamment Israël, Singapour et l'Arabie Saoudite, nécessiteront également des autorisations, tandis qu'elles seront bloquées pour les pays sous embargo sur les armes, comme l'Iran, la Russie, la Chine et la Corée du Nord. Toutefois, des exceptions sont prévues pour 18 alliés clés, dont la France, le Royaume-Uni et la Corée du Sud, qui pourront importer des puces sans autorisation préalable.
Tout l'enjeu consiste également à préserver le leadership américain dans le domaine de l'intelligence artificielle et à faire en sorte que « l'IA mondiale repose sur des bases américaines », comme l'écrit Washington dans un communiqué. Les puces d'IA, comme arme diplomatique ?
Des États membres de l'UE concernés
En tout cas, la Chine a vivement critiqué ce qu'elle considère comme un « abus du contrôle des exportations et une violation flagrante des règles commerciales internationales ». Ces mesures prolongent une stratégie initiée sous Donald Trump et poursuivie par Joe Biden et certains de ses alliés, visant à limiter l'accès de Pékin aux technologies avancées.
Mais des réserves ont aussi été exprimées par les plus proches alliés des États-Unis. L'Union européenne s'est dite préoccupée « par les mesures américaines adoptées aujourd'hui, restreignant l'accès aux exportations de puces d'IA avancées pour certains États membres de l'UE [comme la Lituanie et l'Estonie] et leurs entreprises. » Bruxelles estime qu'il est dans l'intérêt commercial des États-Unis de lui fournir un accès sans entraves aux puces d'IA. Nvidia, leader sur les GPU, s'est également ému de ces nouvelles règles jugées « mal conçues », estimant qu'elles freinent la concurrence et l'innovation.
Les Pays-Bas suivent
Ces mesures entreront en vigueur dans 120 jours, laissant à la prochaine administration Trump le temps de les modifier. Dans un mouvement similaire, les Pays-Bas ont eux aussi annoncé un élargissement de leurs contrôles sur les exportations d'équipements avancés de fabrication de semi-conducteurs à partir du 1er avril 2025. À partir de cette date, de nouveaux équipements de mesure et d'inspection seront soumis à une obligation d'autorisation nationale.
« Nous estimons qu'il est important de garder le contrôle sur les technologies et leurs destinataires […] Nous observons une augmentation des risques de sécurité associés à l'exportation incontrôlée de cet équipement spécifique. C'est pourquoi une autorisation d'exportation sera désormais requise. », a déclaré la ministre du Commerce extérieur et du Développement, Reinette Klever, citée dans un communiqué. Ces nouvelles mesures constituent une extension d'un premier paquet de restrictions décidées par les Pays-Bas en septembre 2023 - largement incitées par Washington à l'époque - concernant les équipements de lithographie.