Le service de minage de Monero n’est plus rentable, selon ses créateurs. La faute à la chute des cours des cryptomonnaies et au prochain « hard fork » de Monero qui risque de laisser un programme tel que Coinhive sur le carreau. Mais aussi à la mauvaise presse du script ces deux dernières années.
Clap de fin pour Coinhive, célèbre service de minage de cryptomonnaie. Les créateurs du module Javascript permettant, sur un navigateur, de miner du Monero, annoncent dans une note de blog que le service sera arrêté le 8 mars 2019. La raison invoquée : « ce n’est plus économiquement viable ».
Coinhive est un module JavaScript pour la blockchain Monero qui s’intègre à un site Web. Lorsque les internautes visitent ce site, une partie de la puissance de calcul de leur terminal est utilisé afin pour résoudre des hash cryptographiques et miner des moneros. Le tout par le biais d’un simple script, aucune installation n’est requise. Coinhive se rémunère en prélevant un pourcentage sur chaque jeton miné.
Or deux problèmes se sont récemment posés. D’une part, les cours des cryptomonnaies sont en chute libre, y compris le Monero qui a perdu, selon Coinhive, 85% de sa valeur en un an. Soit des commissions de moins en moins élevées. De l’autre, l’équipe derrière Monero est entrée en guerre contre les ASIC (application-specific integrated circuit) spécialisés dans le minage.
Le minage ne paie plus
En avril dernier, la blockchain Monero avait eu droit à un hard fork d’urgence afin de contrer les ASIC, modifiant le PoW (proof of work, l’algorithme de consensus confirmant les transactions et la création de nouveaux blocs) de sorte à faire chuter le hash rate (puissance de calcul utilisée pour la résolution des hash) des ASIC. Ce qui n’a pas manqué d’impacter Coinhive qui déplore une chute de 50 % du hash rate. Or le 9 mars, Monero prévoit un nouveau hard fork qui devrait à nouveau laisser Coinhive sur le carreau.
Une autre raison de la fermeture du service, non mentionnée par l’équipe, est certainement le blocage du script par la plupart des antivirus et bloqueurs de pub. Car le module a mauvaise réputation. S’il devait être utilisé pour générer des revenus supplémentaires, en remplacement de la publicité notamment, pour les éditeurs de sites, à l’instar de l’expérience menée par Streetpress, le script a été utilisé à mauvais escient, sur des publicités YouTube par exemple, sans en notifier les internautes.
Le cryptojacking, ou l’art de miner des cryptomonnaies à l’insu de l’internaute, est rapidement devenu une plaie, peu importe que l’éditeur du site soit scrupuleux ou non. En conséquence, les antivirus et autres ont commencé à bloquer l’accès au module. Affaibli et ne générant plus suffisamment de revenus pour ses créateurs, Coinhive est donc mis à la retraite anticipé. Les utilisateurs du module ont jusqu’au 30 avril pour récupérer leurs fonds.