Un sursis pour Huawei

Une semaine après que Donald Trump ait signé l’interdiction de vente de produits américains à Huawei, le Commerce Department a accordé au géant chinois une licence de trois mois afin de maintenir les réseaux existants et fournir des mises à jour logicielles aux terminaux déjà sur le marché.

Le 15 mai, Donald Trump signait un ordre exécutif interdisant la vente de services ou de produits technologiques américains à plusieurs entreprises chinoises, dont Huawei. Une décision similaire à celle visant ZTE à la même période l’an passé et levée aux termes de négociations avec l’équipementier chinois. Dans la foulée, Google a annoncé cette semaine interrompre tout échange avec Huawei afin de se conformer à l’ordre présidentiel.

Toutefois, le Secrétariat au Commerce a offert au géant chinois un sursis en lui concédant une licence générale courant jusqu’au 19 août. Celle-ci l’autorise à faire l’acquisition de produits américains « afin de maintenir les réseaux existants et de fournir des mises à jour logicielles aux appareils Huawei existants » rapporte Reuters. Le constructeur ne pourra néanmoins pas acheter des composants américains pour usiner de nouveaux produits, à moins d’obtenir une autre licence.

Licence que, cette fois-ci, le gouvernement américain semble peu enclin à lui donner. « En bref, cette licence permettra aux activités de continuer pour les utilisateurs de téléphones mobiles Huawei et les réseaux ruraux existants » explique Wilbur Ross, secrétaire d’Etat au Commerce. En résumé, l’administration américaine vient de réaliser que l’ordonnance avait des effets lourds et immédiats sur les clients de Huawei.

Trois mois, et après ?

Car si le fondateur de Huawei a balayé d’un revers de main le poids de la décision présidentielle sur ses activités, précisant que l’entreprise s’est préparée à ce type de scénario, il n’en va pas de même pour les clients et fournisseurs du Chinois. Pour les fabricants de composants, le manque à gagner pèse dans la balance : Huawei leur a acheté l’an dernier pour 11 milliards de dollars de produits. De même, certains opérateurs locaux dans les Etats ruraux des Etats-Unis n’ont pas tardé à grogner, puisque une partie de leurs infrastructures repose sur du matériel Huawei.

De nombreux acteurs de l’industrie, côté US, demandent donc un allègement de la sanction. Pas de réaction pour l’instant en Europe, mais les déboires de Huawei pourraient bien avoir des conséquences indésirables sur les supply chains des opérateurs européens. En outre il n’est pas impossible que cette reculade du gouvernement américain soit imputable à la crainte d’une riposte de la part de Pékin, après que Xi Jinping ait visité hier une usine de terres rares, métaux indispensables dans de nombreux terminaux et dont la Chine est quasiment l’unique exportatrice.