La SNCF soupçonnée de marchés truqués avec IBM

Le siège et plusieurs sites de la SNCF ont été perquisitionnés mardi dernier par le parquet financier. La justice enquête sur des irrégularités dans l’attribution de marchés de prestation informatique de sa filiale Stelsia avec IBM.

La SNCF a reçu mardi dernier la visite de la maréchaussée. Le géant du rail est sous le coup d’une enquête du parquet financier depuis 2017 quant à des présomptions de marchés truqués. Auraient été perquisitionnés selon l’AFP le siège social de l’entreprise ainsi que plusieurs autres sites dont celui de Lyon. En cause, Stelsia, filiale de la SNCF en charge de son informatique, et des irrégularités dans l’attribution des marchés de prestation de services informatiques emportés par IBM.

Pour bien comprendre ces accusations, il est nécessaire de remonter au début de la décennie. En 2010, Big Blue et la société des chemins de fer annonçaient la création d’une co-entreprise chargée de la gestion des systèmes informatiques de la SNCF, NoviaServ. Objectif : économiser 300 millions d’euros par an en regroupant les prestations informatiques de la SNCF actuellement dispersées entre Sopra, Steria, Atos et d’autres prestataires.

NoviaServ

Mais des « difficultés contractuelles », et également la grogne des syndicats côté SNCF, ont eu raison du partenariat, qui coulait fin 2011. A cette occasion, les parts d’IBM dans la co-entreprise étaient récupérées par Stelsia. Néanmoins IBM n’abandonnait pas la partie et signait avec la SNCF l’année suivante quelques importants contrats de sous-traitance. Les mois qui suivirent, un salarié de l’entreprise basé à Lyon tirait la sonnette d’alarme.

Dans deux plaintes déposées en 2012 et 2013, il dénonçait des irrégularités dans l’attribution des contrats à IBM. La première avait été classée sans suite mais la seconde a donné lieu à l’ouverture d’une enquête par le parquet financier. Le salarié, licencié fin 2018, l’a emporté contre la SNCF aux prud’hommes  en avril dernier, le tribunal lui reconnaissant le statut de lanceur d’alertes.