L’entreprise montpelliéraine, fondée en 2012 et spécialisée dans l’IoT, a été rachetée en juillet dernier par son concurrent britannique Wireless Logic. Si l’on pouvait craindre à l’époque que Matooma soit absorbée et digérée à l’image de nombreuses autres pépites françaises passées sous pavillon étranger, il n’en est rien et son président, Frédéric Salle, assure aujourd’hui n’avoir « aucun regret sur l’opération ».
Depuis que Withings avait frôlé la disparition dans le giron de Nokia, on s’est inquiété à chaque rachat d’une jeune pousse française par un géant étranger, se demandant quel sort funeste elle connaîtrait. La question s’est posée au moment de l’acquisition de l’entreprise montpelliéraine Matooma par le Britannique Wireless Logic. D’autant que le PDG de ce dernier, Oliver Tucker, écrivait dans un communiqué que « au cours des prochains mois, notre programme d'intégration permettra au groupe d'améliorer les meilleures solutions de sa plate-forme de connectivité ».
Par intégration, on entend bien souvent absorption, la marque disparaissant et ses solutions et équipes étant fondues dans celles de l’acquéreur. Mais, six mois plus tard, Matooma existe toujours et se porte mieux que jamais. Pour mémoire, cette entreprise fondée en 2012 connecte les objets connectés aux réseaux mobiles, par le biais de cartes SIM multi-opérateurs. B2B. Elle compte désormais 3000 clients, pour moitié dans la sécurité et la santé, le reste se partageant entre industrie, énergie et transports (parmi lesquels CityScoot et Velib).
Depuis sa création, Matooma n’a procédé qu’à une seule levée de fonds, réunissant un million d’euros en 2014 auprès de deux investisseurs locaux. Lesquels souhaitaient, au terme d’une période de cinq ans, se retirer du capital de l’entreprise. Laquelle se mettait alors en quête de nouveaux investisseurs. D’où le caractère quelque peu fortuit de ce rachat. Frédéric Salles, co-fondateur et président de l’entreprise, nous explique qu’une fois le dossier sur le marché, Matooma a été contacté par son plus gros concurrent en Europe, Wireless Logic.
Parfois les acquisitions ont du bon
« Je me suis dit que seul on va plus vite mais à deux on va plus loin » se souvient Frédéric Salle. Si l’acquisition n’était pas prévue, elle représentait pour le Français l’occasion de créer un groupe européen plus fort, notamment à l’approche de la 5G, la combinaison des deux sociétés donnant à Matooma « la masse critique vis-à-vis des opérateurs telecoms pour peser dans les négociations ». Surtout, pour Wireless Logic, il n’y avait « pas d’intérêt à détricoter la marque », celle-ci étant déjà connue et implantée en France, où le Britannique ne jouit pas de la même notoriété. Mieux encore, sa filiale Wireless Logic France a rejoint Matooma, de sorte « à n’avoir qu’une seule entité sur la France »
« On est sur une acquisition mais sans intégration » souligne Frédéric Salles. « Rien ne change, sinon que j’ai désormais un PDG, Oliver Tucker, auquel je dois faire un reporting une fois par mois ». Si en termes de technologies, les deux sociétés étaient équivalentes, Wireless Logic propose néanmoins des solutions qui sortent du cœur de métier de Matooma, le Britannique étant d’une part son propre MVNO, et d’autre part commercialisant ses propres routeurs, autant de produits qui devraient permettre à Matooma d’élargir ses offres. « Après six mois je n'ai aucun regret sur l’opération » conclut le président de l’entreprise montpelliéraine.