Le gouvernement a invité, par ses différentes allocutions, les entreprises à mettre leurs salariés en télétravail. Et les mesures de confinement les y contraignent. Or toutes ne sont pas prêtes, loin de là. Etat des lieux ce matin avec Nicolas Boittin, PDG de Bretagne Télécom.
Nicolas Boittin, PDG de Bretagne Télécom
“La décision du gouvernement de nous confiner tous est quand même inédite” nous explique ce matin Nicolas Boittin, le PDG de Bretagne Télécom. “Les entreprises et les directeurs informatiques n’y étaient pas forcément préparés”. Et lorsque l’on met une bonne partie des salariées et salariés du pays en télétravail, plusieurs problèmes se posent. Nicolas Boittin évoque “deux phénomènes d’embouteillage” : le premier est commun à toute la France et concerne le sous-dimensionnement des réseaux. Sur ce sujet, on retrouve en fer de lance l’Arcep, qui a publié sur son site une poignée de recommandations pour optimiser le réseau à domicile.
Le second est quant à lui propre aux entreprises ayant fait le choix d’une infrastructure on-premise, les liaisons n’étant pas prévues pour accueillir un flux d’utilisateurs distants massif. De même, les règles de sécurité ne sont pas adaptées au télétravail d’un si grand nombre d’employés. Nous avons déjà évoqué cette semaine la question des VPN, nous abordons avec Bretagne Télécom celle du cloud privé. Pour les clients nichés sur l’infrastructure de l’opérateur breton, il suffit de quelques clics pour adapter ses ressources à l’augmentation du nombre de télétravailleurs. Pas de problème de congestion de ce côté-là. De même, Nicolas Boittin ne s’inquiète pas quant aux ressources propres à Bretagne Télécom, dimensionnées pour tenir la charge, qui ne change guère, et mutualisées pour accuser les pics.
Non, pour le patron de l’opérateur, le problème est ailleurs. “Sur l’ensemble de nos clients, 20% ont déjà leur infrastructure dans un cloud. Sur les 80% restants, nous avons un tiers qui nous a fait des demandes et des devis d’externalisation, qui veulent migrer leurs serveurs vers nos datacenters, en urgence”. Si les équipes de Bretagne Télécom travaillent à plein régime, une migration ne se fait pas du jour au lendemain. En période normale, comptez un à deux mois. C’est sur ce sujet des projets d’urgence qu’il y a saturation.
Et la téléphonie dans tout ça ?
Autre problème observé par Nicolas Boittin, la téléphonie. “La plupart des clients ne sont pas équipés de téléphonie en mode softphone [utiliser son ordinateur comme un téléphone par exemple] et, dans le cadre du télétravail, de nombreux salariés n’ont pas été en mesure d’embarquer leurs téléphones en dur avec eux”.
Une situation également constatée par Aircall. La principale difficulté remarquée par ce fournisseur de téléphonie “dans le cloud” “est de garder le contact avec leurs équipes pour assurer la continuité de leurs affaires, sans rupture due à l'isolement de chacun. Pour cela, le plus important est pour elles de rester en contact avec leurs équipes, leurs prospects, clients, fournisseurs, candidats, etc.”. En conséquence de quoi Aircall a décidé d’offrir gratuitement sa licence pendant un mois “pour permettre aux entreprises de faciliter le télétravail de leurs équipes qui seront ainsi connectées entre elles et à leurs outils de travail”.
De même, du côté de Bretagne Télécom, les licences softphone sont désormais proposées gratuitement. Des solutions d’urgence pour des entreprises qui n’étaient pas nécessairement prêtes à cette situation de crise et au travail distant. Sont également organisés des formations et des webinaires, notamment sur la sécurité réseau et sur le déploiement de bureaux virtuels. “A cette période, la sensibilisation se fait à tous les étages de l’entreprise” conclut Nicolas Boittin. “Post-crise, les entreprises vont réfléchir à des solutions de télétravail”.