Jeune pousse parisienne, Shine brillait sur le terrain de la Fintech. Cette néobanque proposant services et accompagnement aux entrepreneurs a attiré en deux ans les investisseurs et les utilisateurs. Au point de susciter l’appétit de la Société Générale, qui en a annoncé hier le rachat. Une opération sous le signe de l’open banking.
Nicolas Reboud et Raphaël Simon, les deux fondateurs de Shine.
Petite startup est devenue grande... et s’est faite avaler par une banque. Tel est le destin de Shine, une jeune pousse de la fintech fondée en 2017. Son credo : simplifier la vie des indépendants, des auto-entrepreneurs et des petites structures, devenant leur « copilote » pour reprendre les termes, à l’époque, de Nicolas Reboud, son co-fondateur et CEO. Calcul des cotisations, charges et taxes à payer, modèles de factures et de relances, notifications des paiements et des échéances... Shine a pour objectif d’évacuer certaines lourdeurs administratives et d’accompagner les entrepreneurs.
Mais l’application est aussi, et surtout, un compte en banque, assorti d’une carte de crédit Mastercard. La jeune pousse n’ayant pas reçu l’agrément d’établissement de paiement et de monnaie électronique, elle s’appuie pour cette partie sur Treezor, qui en 2018 a été rachetée par la Société Générale. Désormais, c’est au tour de Shine de tomber dans l’escarcelle du groupe financier, nous apprend un communiqué qui ne précise pas le montant de ce rachat.
Une carte de plus au portefeuille de la SocGen
La jeune fintech conservera son indépendance mais rejoindra le portefeuille d’offres à destination des professionnels de la Société Générale, qui annonce qu’elle “distribuera également l’offre de Shine aux clients Professionnels qui préfèrent une gestion 100% ligne et de services à moindre coût”, clients qui, lorsqu’ils grandiront, pourront passer sur une offre plus étendue, “incluant le recours à l’expertise des conseillers, et ceci sans changer de banque et dans un continuum sans couture”. En outre, les clients de Shine pourront se voir proposer des crédits, assurances et autres solutions de paiement de la part de la Société Générale.
“Avec l’acquisition de Shine nous allons proposer aux entrepreneurs l’offre la plus large sur ce marché en pleine croissance et à forte valeur. Le modèle proposé par Shine nous a séduit car il renforce notre promesse relationnelle d’offrir aux clients le meilleur de l’humain et du digital” se réjouit Marie-Christine Ducholet, Directrice de la Banque de détail Société Générale. “Enfin les synergies avec nos différents métiers sont nombreuses et nous permettent d’aller un cran plus loin dans notre stratégie d’Open banking”.
API ouvertes
Car si avec ses 70 000 utilisateurs et 10,8 millions d’euros levés en deux ans, la jeune pousse avait déjà de quoi séduire, sa dimension open banking n’a pas laissé le groupe bancaire de marbre. En effet, dès 2018 Shine lançait Shine Connect, décrite alors comme une “nouvelle solution qui permet de connecter votre compte à toutes les apps que vous utilisez au quotidien”. En d’autres termes, la startup ouvrait ses API de sorte à voir se multiplier les intégrations et, par extension, les nouveaux services. Elle citait notamment la possibilité pour un entrepreneur de donner accès à son expert comptable à ses données bancaires et autres factures.
Or l’open banking est une des priorités d’investissements de la SocGen, au même titre que la cybersécurité, l’immobilier ou encore la blockchain. D’où le rachat en 2018 de Treezor. Pour l’heure Shine va “[poursuivre] son développement indépendant avec des moyens renforcés”, indique la Société Générale, et il semble que l’équipe dirigeante demeure aux commandes. Reste à voir quelles seront les intégrations, outre les offres commerciales, de la startup et du géant.