La Chine ouvre une enquête sur Nvidia

Cette enquête s’ouvre sur fond de tensions commerciales croissantes entre la Chine et les États-Unis autour de l’industrie des semi-conducteurs. Début décembre, Washington a annoncé l’ajout de 140 entreprises chinoises à la liste noire des exportations soumise à un accord préalable des autorités. Une décision que Pékin a vivement critiquée.

Nouvel épisode dans la guerre commerciale qui oppose Pékin à Washington autour de l’industrie des semi-conducteurs. La Chine a annoncé, lundi 9 décembre, avoir ouvert une enquête sur le géant des puces d’IA Nvidia pour des violations présumées des lois antitrust du pays, rapporte la chaîne d’État CCTV. La société américaine est de très loin le plus gros fournisseur de GPU, des puces indispensables à l’entraînement et à l’inférence des modèles d’IA.

Cette enquête intervient dans un contexte pour le moins tendu entre la Chine et les États-Unis. Des tensions qui se cristallisent autour de l’industrie des semi-conducteurs. Les États-Unis et leurs alliés ont en effet multiplié les restrictions d’exportation de puces et d’accès aux technologies indispensables à la production de semi-conducteurs contre leur rival. Un mouvement entamé dès le premier mandat de Donald Trump, et qui s’est poursuivi sous l’administration Biden. Et le retour de Donald Trump à la Maison-Blanche ne devrait rien arranger, puisque ce dernier a d’ores et déjà menacé Pékin d’augmenter les droits de douane sur les importations chinoises.

De son côté, la Chine n’hésite donc pas à montrer les crocs à son tour. La semaine dernière, le pays a indiqué qu’il ne délivrerait plus de licences d’exportation de terres rares stratégiques pouvant être utilisées à des fins militaires comme le gallium, le germanium ou l’antimoine vers les États-Unis.

Une liste noire qui s’allonge

Cette décision faisait suite à l’ajout, lundi 2 décembre, de 140 entreprises chinoises spécialisées dans la fabrication de semi-conducteurs et les composants dédiés au calcul informatique haute performance, à la liste noire des exportations soumises à accord préalable. « Cette action représente l’aboutissement de l’approche ciblée de l’administration Biden-Harris, en concert avec nos alliés et partenaires, pour entraver la capacité de la RPC (République Populaire de Chine, ndlr) à internaliser la production de technologies avancées posant un risque pour notre sécurité nationale », avait alors déclaré Gina Raimondo, secrétaire au Commerce des États-Unis, dans un communiqué.

« À mesure que les technologies évoluent et que nos adversaires cherchent de nouvelles façons de contourner les restrictions, nous continuerons de collaborer avec nos alliés et partenaires pour protéger de manière proactive et agressive nos technologies et savoir-faire de pointe afin qu’ils ne soient pas utilisés pour compromettre notre sécurité nationale », a surenchéri Jake Sullivan, conseiller à la sécurité nationale.

La Chine avait réagit dans la foulée par voie de communiqué, se disant « fermement » opposée à ces nouvelles restrictions. « L’abus par les États-Unis de mesures de contrôle entrave gravement les échanges commerciaux normaux entre les pays, nuit profondément aux règles du marché et à l’ordre économique et commercial international, et menace sérieusement la stabilité des chaînes industrielles et d’approvisionnement mondiales », a notamment déclaré un porte-parole du Ministère du Commerce.

Pékin tente par tous les moyens de contourner les sanctions américaines. D’abord en dopant son industrie locale à coup de milliards de yuans, mais aussi en développant des relations avec des pays tiers, des entreprises et des intermédiaires non alignés sur les sanctions de Washington. En 2023, l’association de fabricants de semi-conducteurs Semiconductor Industry Association (SIA) avait par exemple accusé le géant chinois Huawei d’opérer des usines secrètes sous des noms de sociétés fictives ne figurant pas sur les listes américaines afin d’éviter les sanctions.