Contrairement à son habitude, le président de la Région Hauts-de-France a adopté cette année au FIC un discours bien plus national que local. La campagne des présidentielles n'y est pas étrangère, alors que les acteurs du secteur de la cybersécurité exhortent les candidats à s'emparer du sujet.
Le climat de cette édition 2021 du Forum international de la cybersécurité est particulier. L'évènement marque les retrouvailles du secteur de la cybersécurité après de longs mois de confinement et de restrictions sanitaires, dans un contexte de multplication des cyberattaques. Mais on sent bien également que la grande messe de la cyber s'ouvre à quelques mois des élections présidentielles. L'atmosphère y est plus politique que de coutume.
Malgré l'absence remarquée de Gerald Darmanin, retenu à Londres pour le sommet du G20, plusieurs ministres sont attendus dans les prochaines heures sur le salon, tandis que Xavier Bertrand a tenu, comme chaque année, son discours lors de la conférence d'ouverture du FIC. Mais succédant aux généraux Wattin-Augouard et Rodriguez, et à Guillaume Tissier, l'allocution du président de la Région Hauts-de-France tranchait avec les précédentes éditions.
Il n'a échappé à personne que Xavier Bertrand s'est porté candidat à l'office suprême de la Cinquième République. Ainsi, s'il n'a évidemment pas oublié sa région, son ton était ô combien plus national et étatique qu'à l'accoutumée. « La prochaine pandémie sera cyber, et elle sera répétitive » a ainsi prédit le président de Région, insistant sur « les dizaines, les centaines de milliers de victimes, entreprises, particuliers, collectivités » qui risquent de se trouver « livrées à elles-mêmes ».
Un programme électoral en sous-texte
Or l'Etat, aux dires de Xavier Bertrand, ne pourra être partout. Il lui faudra « travailler avec les autres acteurs », secteur privé en tête. Il reconnaît que le gouvernement actuel a bien agi en investissant une partie du plan de relance, et du PIA4, dans la cybersécurité, mais appelle à ce qu'une attention particulière soit portée aux petites collectivités, qui ne « doivent pas être oubliées ». D'autant que le candidat et président des Hauts-de-France craint que l'une des victimes des cybermenaces soit la démocratie elle-même, voire la paix.
Surtout, Xavier Bertrand souligne que, « dans les mois qui viennent », une évaluation et une évolution de la revue stratégique de cyberdéfense et de la stratégie nationale relative à la cybersécurité s'imposeront. Difficile de ne pas voir entre les lignes la demande de nombreux acteurs de la cyber à un deuxième plan de relance pour la cybersécurité. D'ailleurs, sur cette même scène, le président d'Hexatrust, Jean-Noël de Galzain, en appelait aux candidats à s'emparer des enjeux de cybersécurité et à « les porter au plus haut niveau ». Alors, comment ne pas voir dans les déclarations du candidat Xavier Bertrand l'esquisse d'un programme électoral, rubrique cybersécurité.