Si une défaillance technique est l'hypothèse la plus probable pour expliquer l’incendie qui a ravagé le datacentre Strasbourg 2 d’OVH, un mystérieux groupuscule a, semble-t-il, revendiqué la destruction du site. Si certains en font déjà des gorges chaudes, il ne s’agit en réalité que d’un canular.
Dans la nuit du 9 au 10 mars, le datacentre Strasbourg 2 d’OVH était détruit par les flammes. Une catastrophe pour de nombreuses organisations dont le portail web ou les web apps étaient hébergés sur le site... On ignore encore les causes de l’incendie et de sa rapide propagation, quoique les premiers éléments fournis par Octave Klaba pointent des onduleurs qui avaient subi une opération de maintenance le jour même. Mais voilà qu’un étrange communiqué circule, revendiquant l’incendie. Vous avez sans doute vu passer ce document, par mail ou sur le web.
La lettre s'ouvre sur d'étranges formules un brin complotiste, sur ces "médias" qui ne reprendront jamais le message qui va être délivré dans les lignes qui suivent. Car les auteurs du communiqué "pensent être à l'origine de l'incendie" qui a réduit en cendres le datacentre Strasbourg 2 d'OVH. Si le début du courrier laisse dubitatif, la suite est un peu plus sérieuse puisque cette mystérieuse "Organisation Vraiment Hinfaillible" dénonce l'impact environnemental du numérique, citant les mines de terres rares en Chine et les décharges en Afrique. Elle pointe également du doigt sa consommation énergétique, s'interrogeant quant à OVH : "combien de Kilowatts d'énergie consommée ? On ne le sait pas exactement" (1,21 Gigowatts nous dit-on dans l'oreillette).
La faute au LSD
Si ces points sont en effet des problématiques qui méritent d'être soulevées, la suite est un peu plus lyrique. "Mode de vie imposé par l'industrie du numérique", 4G, 5G, énergies atomique, houillère et renouvelable, fibre optique "passivité imposée par les écrans", diktat des réseaux sociaux, obsolescence programmée de l'humain... Tout y passe en un gloubiboulga visiblement assumé. Car ce communiqué n’est ni plus ni moins qu’un canular. Assez grossier au demeurant.
Difficile en effet de prendre la missive au sérieux lorsque ses auteurs décrivent leur mode opératoire : "nous avons remonté le flux numérique depuis un grille-pain connecté pour nous introduire jusqu’au data center d’OVH et déclencher un court-circuit, cela par la seule force de notre esprit", ce qui a de quoi mettre la puce à l'oreille quant à la nature des revendications. Et la suite est encore plus barrée, puisque c'est "aidés seulement de quelques cartons de LSD" que les potentiels hackers incendiaires ont pu réaliser leur méfait. "Mais les cartons étaient trop dosés, une fois à l’intérieur, on a fait n’importe quoi, et le feu s’est déclaré trop tôt – si toutefois la seule puissance de nos cerveaux défoncés peut causer de tels dommages, ce qu’on ne saura malheureusement jamais" ajoutent-ils, déplorant que le départ de feu ait manqué la date anniversaire de la catastrophe de Fukushima, le 11 mars. Donc un canular sans trop de finesse, auquel certains pourtant se sont laissés tromper. Quant à ses auteurs, aucune piste. Certains pensent à un simple troll, d’autres à des anti-5G qui veulent faire leur pub, d’aucuns même y voient la patte d’un concurrent. Toujours est-il que, concernant OVH, le fournisseur a mis en ligne un bulletin d’information actualisé sur la situation du côté de Strasbourg.