Déjà ultra dominant dans son secteur, Booking a vu ses ambitions freinées par la Commission européenne. L’exécutif a interdit à l’agence de voyage américaine d’acheter son concurrent suédois eTraveli.
C’est la première fusion bloquée par l’Union européenne cette année. « La Commission européenne a interdit, en vertu du règlement européen sur les concentrations, le projet d'acquisition de Flugo Group Holdings AB (« eTraveli ») par Booking Holdings (« Booking »). », a déclaré l’exécutif dans un communiqué.
Après enquête, la Commission a estimé que cette fusion aurait renforcé la position dominante de Booking et aurait pu entraîner une hausse des prix pour les consommateurs. « Booking n’a pas proposé de solutions suffisantes pour répondre à ces préoccupations », justifie l’institution.
60% des parts de marché pour Booking
Lors de son enquête lancée en novembre 2022, la Commission a constaté que Booking représentait déjà 60% des parts de marché dans l’Espace Economique Européen. « Les OTA concurrentes ne sont pas en mesure d’exercer une pression compétitive suffisante sur les prix sur Booking, qui est donc libre de facturer aux hôtels des commissions plus élevées que certains de ses principaux concurrents. », fait remarquer la Commission. Or, cette acquisition n'aurait fait que renforcer cette situation.
Booking et eTraveli sont deux fournisseurs de services d’agence de voyage en ligne. Si le premier est spécialisé dans l’hébergement, le second se concentre sur les voyages aériens. Or, Booking est lui aussi actif sur ce segment, avec des services de métarecherche via sa plateforme de comparaison de prix Kayak.
Booking prolonge son accord avec eTraveli
Cette transaction aurait donné l'occasion à l'américain de profiter d’un nouveau canal d’acquisition clients avec les services de vols, deuxième plus grand marché dans le secteur des agences de voyage en ligne (OTA). Un canal qui génère beaucoup de trafic pour les agences hôtelières dans la mesure où les vols représentent bien souvent la première étape pour planifier un voyage. « La transaction aurait permis à Booking d’élargir son écosystème de services de voyage, qui s’articule autour de son activité OTA hôtelière. », note la Commission. Et par conséquent, aurait rendu plus difficile aux concurrents de s’opposer à Booking du fait de l’inertie de certains clients qui, par facilité, seraient restés sur Booking pour compléter leur voyage.
Contacté par l’Informaticien, Booking s’est dit « fermement convaincue que la Commission a tort » alors que la transaction a été validée par les autorités à la concurrence, britannique (CMA) et des Etats-Unis (FTC). Selon elle, L'acquisition aurait apporté « d'énormes avantages aux consommateurs et aux partenaires en offrant davantage d'options et des prix compétitifs. »
La société en a d’ailleurs profité pour annoncer l'extension d'un accord existant avec Etraveli Group jusqu'en décembre 2028 au moins, afin de créer une offre de vols mondiale « sans friction ».