L’Autorité à la concurrence britannique a détaillé les raisons de ses réticences concernant le rachat d’Activision Blizzard par Microsoft pour 69 milliards de dollars.
Décidément, le rachat d’Activision Blizzard traine en longueur. L’autorité à la concurrence du Royaume-Uni, la Competition and Markets Authority (CMA), a ouvert une enquête de phase 1 à la mi-juillet. « L'Autorité de la concurrence et des marchés (CMA) craint que l'achat anticipé d'Activision Blizzard par Microsoft ne réduise considérablement la concurrence dans les consoles de jeux, les services d'abonnement multi-jeux et les services de jeux en nuage (streaming de jeux). », avait-elle déclaré. Et l'été passé, ses craintes ne semblent pas apaisées. Le projet de rachat lui, n’a pas passé la phase initiale d’approbation. Direction la deuxième phase donc.
Pauvre Sony
L’Autorité de la concurrence a détaillé ses préoccupations dans un nouveau rapport que le média Games Industry.biz a pu consulter. L'institution s’inquiète de l’impact sur PlayStation (Sony) et les autres concurrents qui proposent des offres multi-jeux. Microsoft pourrait refuser l’accès aux contenus d'Activision Blizzard. La conjugaison des services de Microsoft et de la maison mère de Call of Duty pourrait également permettre de régner sans partage sur le streaming de jeux vidéo grâce à son service de cloud Gaming sur Azure et le système d’exploitation PC. « Il existe une perspective réaliste d'une diminution substantielle de la concurrence dans les consoles de jeux, les services d'abonnement multi-jeux et les services de cloud gaming ».
A quoi s’ajoute que la CMA appelle « l’effet réseau ». A savoir : une console avec beaucoup de joueurs attire plus de contenus, qui attire plus de joueurs. Avec l’acquisition de titres comme Call of Duty, l’« effet réseau » pourrait être colossale. Console de jeux, systèmes d’exploitation, infrastructure cloud… la position solide de Microsoft sur ces segments pourrait nuire « aux consommateurs en altérant la capacité de Sony - le plus proche rival de Microsoft en matière de jeu - à rivaliser ainsi que celle d'autres rivaux existants et de nouveaux entrants potentiels qui pourraient autrement apporter une saine concurrence grâce à des abonnements multi-jeux innovants et à des services de cloud gaming. »
Microsoft en a marre
De son côté, Microsoft s’est agacé de « ces théories du préjudice non étayées » qui « ne suffisent pas à justifier une référence à la phase 2 ». Concernant Sony, Microsoft rappelle que le japonais est actuellement leader du marché avec « une base d'installation de console de 150 millions », contre 63,7 millions pour Microsoft. L’entreprise reproche même à son concurrent d’avoir profité de son leadership pour augmenter le prix de sa console. Une hausse des prix justifiée par le japonais en raison de la hausse des coûts de production.
Contacté par GamesIndustry.biz, Microsoft reproche à Sony d’exagérer l’importance de Call of Duty. Il assure que si chaque joueur de ce titre phare sur la console de Sony passait à Xbox, « la base de joueurs PlayStation restante serait nettement plus grande que Xbox ». La firme de Redmond de rappeler également que son concurrent compte 280 titres exclusifs propriétaires, soit près de cinq fois plus que Xbox. En bref, Sony aura les épaules pour rivaliser.