Le gouvernement néerlandais a bloqué les expéditions d’équipements de lithographie de l’industriel ASML, indispensables à la production de puces de pointe.
Le bras de fer entre Washington et Pékin sur le marché des semi-conducteurs continue d'en faire suer plus d’un. Des machines de fabrication de puces du géant néerlandais ASML ont été interdites d’exportation vers la Chine, comme l'a confirmé la société dans un court communiqué publié le lundi 1er janvier.
« Une licence pour l'expédition des systèmes de lithographie NXT:2050i et NXT:2100i en 2023 a récemment été partiellement révoquée par le gouvernement néerlandais, affectant un petit nombre de clients en Chine », a-t-elle précisé.
Et d’ajouter que : « les dernières règles d'exportation américaines (publiées le 17 octobre 2023) imposent des restrictions sur certains systèmes de lithographie par immersion DUV moyennement critiques pour un nombre limité d'installations de production avancées. » Désireuse de rester en bons termes avec l’Oncle Sam, l’entreprise néerlandaise a réaffirmé son souhait de se conformer aux lois et réglementations qui s’appliquent dans les pays où elle opère.
Des pressions des États-Unis
La société a en sus assuré que cette révocation et les dernières restrictions américaines sur les exportations vers la Chine n’impacteraient pas ses revenus pour 2023. Et pour 2024 ? L’avenir nous le dira. À noter toutefois que ces restrictions ne seront pas sans conséquences, puisque, selon Bloomberg, la Chine a représenté près de la moitié des ventes d’ASML au troisième trimestre de 2023.
Officiellement, ASML disposait de licences pour expédier les trois machines de lithographie nommées plus haut jusqu’à janvier, avant que de nouvelles restrictions ne s’appliquent. Mais selon des informations de Bloomberg, des responsables américains ont contacté l’entreprise afin de lui demander d’arrêter immédiatement les expéditions de certains équipements.
Bloomberg rapporte qu'un porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères a qualifié cette intervention américaine d’acte « d’hégémonie » et a pressé le gouvernement néerlandais de respecter « l’esprit du contrat et de l’ordre mondial, afin de sauvegarder les avantages mutuels des deux pays ».
Pékin réplique
Engagés dans une guerre commerciale, les États-Unis, le Japon et les Pays-Bas se sont alliés pour limiter drastiquement l’exportation vers la Chine de technologies de pointe nécessaires à la fabrication de semi-conducteurs avancés. Washington souhaite ainsi freiner les ambitions de Pékin, notamment en matière d'intelligence artificielle, très demandeuse en GPU. C’est aussi la crainte de voir des puces de dernière génération alimenter des technologies militaires qui motive les États-Unis et ses alliés à mettre des bâtons dans les roues du géant chinois.
La Chine, elle, tente de riposter. L’association de fabricants de semi-conducteurs Semiconductor Industry Association (SIA) a récemment accusé le groupe chinois Huawei d'opérer des usines secrètes sous des noms de sociétés fictives dans le but d’éviter les sanctions américaines. Le gouvernement chinois a quant à lui annoncé vouloir restreindre l’exportation du gallium et du germanium, deux métaux rares nécessaires à la production de puces.