Le Japon va investir 6 milliards de dollars (Mds$) afin de stimuler sa production de semi-conducteurs à la pointe. Une décision qui intervient après que le pays a annoncé restreindre les exportations d’équipements de fabrication de semi-conducteurs vers la Chine.
Longtemps leader sur le marché des semi-conducteurs, le Japon se fait depuis chahuter par ses voisins sud-coréen, taïwannais et chinois. Pour reconquerir sa place, le pays du Soleil levant va investir quelques 774 milliards de yens, soit environ 6 Mds$, en équipements de fabrication de semi-conducteur en 2024 rapporte Bloomberg. Ce qui correspond à une augmentation de 82% par rapport à 2023.
Avec cet investissement, le pays ambitionne de développer des puces de dernière génération. Le gouvernement devrait d’ailleurs apporter un soutien financier au fabricant Rapidus pour la production des puces à 2 nanomètres (nm) d’ici à 2025.
Enjeu géopolitique majeur, les semi-conducteurs sont des composants essentiels d’à peu près tous les appareils électroniques que tout le monde utilise tout le temps, smartphones et ordinateurs en tête, mais aussi de technologies de pointe comme l’Intelligence artificielle ou encore les supercalculateurs.
Patriotisme technologique
Bien décidé à mettre des bâtons dans les roues de la Chine, le Japon s’est récemment aligné sur les Etats-Unis et a annoncé des restrictions à l'exportation d'équipements de fabrication de semi-conducteurs chez son voisin. Justification avancée ? Limiter l’utilisation de ces technologies à des fins militaires.
Lors d’une visite en Chine de son homologue japonais Yoshimasa Hayashi, le ministre chinois des Affaires étrangères Qin Gang a déclaré que « le blocage ne fera que stimuler davantage la détermination de la Chine à devenir autonome », qualifiant au passage l’archipel de « laquais » des Etats-Unis. Ambiance.
Les récentes pénuries mondiales de semi-conducteurs ont révélé la dépendance de la chaîne de valeur à un nombre limité d’acteurs, pour la plupart basés en Asie. Tout le monde avance ses pions pour renforcer sa compétitivité, sécuriser ses approvisionnements et relocaliser un marché Ô combien stratégique. L’année dernière, l’Europe a présenté l’European Chips Act qui prévoit un investissement de 43Mds€ d’ici 2030, afin d’atteindre 20% de parts de marché, contre 10% actuellement. Aux Etats-Unis, le Congrès a adopté en juillet dernier un plan à 52 Mds$ pour rapatrier la production de puces.