Poussé vers la sortie aux États-Unis, Kaspersky a définitivement plié bagage. Les antivirus de l’éditeur d’origine russe ont été automatiquement désinstallés et remplacés par UltraAV, propriété de Pango, à qui Kaspersky a vendu sa base de données clients.
L’Oncle Sam avait décidé d’interdire les logiciels de Kaspersky en juin, reprochant à l’entreprise russe de supposées accointances avec le Kremlin. Kaspersky, qui a mis fin à ses activités en juin, a conclu un accord avec Pango Group pour lui revendre sa base de clients. Cette manœuvre a permis d’assurer la transition automatique vers les solutions UltraAV et VPN de Pango.
Cependant, certains utilisateurs n’ont pas manqué de faire part de leur mécontentement face au manque d’informations concernant cette transition, réalisée sans autorisation préalable. D’autres se sont inquiétés d’un potentiel problème de sécurité. Rob Joyce, ancien directeur de la sécurité de la NSA et ex-coordinateur de la cybersécurité sous Donald Trump, a même justifié l’interdiction des solutions de l’éditeur russe sur X : « C’est pourquoi donner un accès root à Kaspersky représentait un risque énorme. Les utilisateurs ont été “migrés” : le logiciel a été désinstallé et un produit totalement différent a été installé automatiquement. Ils avaient le contrôle total de votre machine. »
Si UltraAV est relativement inconnu au bataillon, Kaspersky s’est voulu rassurant et a assuré que les utilisateurs conserveraient les normes de confidentialité et de sécurité auxquelles ils sont en droit de s'attendre de leur service.
Une longue bataille perdue par Kaspersky
Cette décision met un point final à une affaire vieille de sept ans. Les autorités américaines craignent que Kaspersky se conforme aux demandes d'information de Moscou et donne accès à des informations sensibles de clients américains, notamment par le biais de certains privilèges administratifs. Le département du Commerce suspectait en outre que Kaspersky soit en mesure d’installer des logiciels malveillants sur les appareils de ses clients américains et de retenir des mises à jour critiques.
En 2017, l’administration Trump avait émis une directive interdisant l’utilisation des produits Kaspersky pour les agences fédérales. En mars 2022, la Commission fédérale des communications des États-Unis avait inscrit les produits fournis directement ou indirectement par Kaspersky sur la "Liste des équipements et services de communication qui posent une menace pour la sécurité nationale".
Le point culminant a été atteint en juin de cette année, lorsque le Bureau de l'Industrie et de la Sécurité (BIS) du Département du Commerce interdisait à Kaspersky et à ses filiales de fournir des logiciels antivirus ainsi que des produits ou services de cybersécurité aux États-Unis et aux Américains. Une douzaine de dirigeants de Kaspersky avaient même été sanctionnés par le Trésor des États-Unis pour leur supposée coopération avec la Russie.