Bilan 2014-2019 : Roaming – RGPD – fiscalité…
La révolution du roaming
Pour les consommateurs européens, la suppression des frais d’itinérance dans les 28 pays membres de l’UE constitue sans conteste l’une des mesures les plus populaires adoptées par le Parlement durant ces cinq dernières années. Après plus de dix ans de houleuses négociations avec les régulateurs nationaux des télécommunications et les opérateurs, le Parlement et le Conseil européens ont réussi à trouver un accord politique sur les nouvelles règles à appliquer pour les frais d’itinérance sur le Vieux Continent. Signé le 17 juin 2017, il permet aux consommateurs européens d’appeler, d’envoyer des SMS et d’utiliser la data de leurs terminaux mobiles dans tous les pays de l’UE au même tarif que dans leur pays d’origine. « La fin des frais d’itinérance constitue une grande victoire pour les consommateurs européens. Les utilisateurs voyageant à travers l’UE peuvent lire leurs courriels, se repérer sur une carte, uploader des photos sur les réseaux sociaux, téléphoner ou envoyer des SMS, et ce, sans aucun surcoût », se félicite la députée européenne d’origine finlandaise, Miapetra Kumpula-Natri, en évoquant cet accord historique. Le « Roam like at Home » est devenu une réalité pour tous ceux qui voyagent régulièrement ou occasionnellement en Europe.Le RGPD : le modèle européen
Voté en 2016 et entré en vigueur le 25 mai 2018, le Règlement européen sur la Protection des Données personnelles (RGPD) constitue indéniablement l’une des plus grandes réussites de la Commission Juncker. Le RGPD vise à améliorer la protection des citoyens en leur offrant un meilleur contrôle sur leurs données personnelles. Pour cela, le règlement a fixé un cadre législatif et des nouvelles règles strictes auxquelles les entreprises qui détiennent ces données doivent se conformer dans l’UE. La réforme prévoit également des normes minimales pour l’utilisation des données à des fins judiciaires. Selon un premier bilan dressé par la Commission européenne huit mois après l’application du règlement, les autorités chargées de contrôler la mise en application du règlement ont enregistré plus de 95 000 plaintes relatives à l’e-reputation, la promotion par e-mail ou encore la vidéosurveillance. Le rapport indique que 41 502 failles de sécurité ont été notifiées dans les 72 heures après leur découverte comme l’exige le règlement. Suite à ces signalements, les autorités ont mené 255 enquêtes qui ont donné lieu à seulement trois sanctions, dont une amende record de 50 millions d’euros infligée à Google par la Cnil en France. Malgré les contraintes de mise en conformité et les craintes liées aux fortes amendes, le RGPD fait désormais figure de modèle à l’étranger. De plus en plus d’entreprises étrangères qui implémentent dans un premier temps ces règles pour l’Europe finissent par les étendre au monde entier. C’est le cas notamment de Facebook qui a promis au Parlement européen de se mettre en conformité avec l’UE et d’appliquer ensuite les mêmes règles partout dans le monde. En charge de la législation au Parlement européen, le député vert allemand Jan Philipp Albrecht ne tarit pas d’éloge sur la réforme : « Avec la nouvelle réglementation du RGPD, l’Union européenne fixe une norme qui pourrait aussi devenir une norme mondiale, car nous sommes le plus grand marché du monde. Nous avons créé un environnement de confiance pour les consommateurs en ligne. Je pense que dans ce domaine, le Made in Europe deviendra une marque de fabrique. »Un environnement économique « plus » équitable
Dans un discours du 13 septembre 2017, Jean-Claude Juncker avait annoncé une initiative « visant à garantir, dans l’économie en ligne, un environnement équitable, prévisible, durable et suscitant la confiance ». L’une des autres avancées notables de la mandature 2014-2019 réside dans l’adoption du règlement P2B (plateforme to business) visant à rééquilibrer les relations entre les plates-formes en ligne et les entreprises qui dépendent quasiment entièrement de leurs services. Outre bon nombre de règles de bonne conduite, les plates-formes en ligne seront essentiellement soumises à des obligations de transparence concernant le classement des résultats de recherche, mais également la mise en avant de leurs propres produits ou services. Pour Mariya Gabriel, la commissaire chargée du numérique, imposer ces nouvelles règles est indispensable : « Pour les entreprises européennes, les plates-formes et les moteurs de recherche constituent des canaux importants pour atteindre les consommateurs, mais nous devons nous assurer qu’ils n’abusent pas de leur pouvoir, ce qui causerait du tort à leurs utilisateurs professionnels. Nous franchissons un pas essentiel en nous dotant de règles claires en matière de transparence et d’un mécanisme efficace de règlement des différends et en lançant un observatoire permettant d’analyser plus précisément les pratiques des plates-formes en ligne. Garantir que les plates-formes et les moteurs de recherche traitent les autres entreprises de manière équitable est indispensable. »L’Europe contre les GAFA
En attendant que le règlement soit définitivement adopté et qu’il entre en application d’ici à un an, la Commission européenne n’a pas hésité à s’attaquer de front aux GAFA qui dominent l’économie numérique. À commencer par la mise à mort des scandaleux ruling-fiscaux, dont profitait largement Apple en Irlande et qui s’est vu contrainte de lui restituer pas moins de 13 milliards d’euros. Mais c’est sans doute Google, qui pour l’instant est le plus durement touché par les nouvelles règles adoptées par les législateurs concernant les pratiques anticoncurrentielles des platesformes en ligne. La Commission lui a infligé des amendes pour abus de position dominante de son moteur de recherche sur Android (4,3 milliards d’euros), de ses comparateurs de prix sur Google Shopping (2,42 milliards d’euros), et dernièrement pour ses pratiques anticoncurrentielles dans la publicité en ligne avec AdSense (1,49 milliard d’euros). Au-delà des amendes, Google semble vouloir faire preuve de bonne volonté en ayant accepté récemment de proposer d’autres navigateurs internet que Chrome sur Android, qui était installé jusqu’ici par défaut. Si Bruxelles a gagné quelques batailles, elle est loin d’avoir gagné la guerre. Au mois de septembre dernier, la Commissaire européenne à la Concurrence, Margrethe Vestager, a annoncé qu’elle ouvrait une enquête informelle sur Amazon pour déterminer un éventuel abus de position dominante. La Commission soupçonne le géant de l’e-commerce d’exploiter les données des vendeurs tiers qu’il héberge sur sa place de marché pour affiner ses propres outils de vente. Apple est également dans le viseur de Bruxelles suite à une plainte déposée par Spotify qui accuse la firme de favoriser l’application de son propre service de streaming musical. Deux très gros dossiers dont va hériter la prochaine Commission européenne. Une révision du règlement P2B est d’ores déjà prévue pour le prochain mandat européen. ❍Le vice-président de la Commission européenne en charge du marché unique numérique Andrus Ansip répond à nos questions et dresse le bilan de la mandature 2014-2019.