Depuis les premiers jours du premier confinement, Guillaume Rozier rend compte de l’épidémie du coronavirus sur son site CovidTracker, qui affiche aujourd’hui 15 millions de pages vues par mois. Et fait évoluer l’État, plus ou moins directement, sur la question de l’Open Data.
Depuis les premiers jours du premier confinement, Guillaume Rozier rend compte de l’épidémie du coronavirus sur son site CovidTracker, qui affiche aujourd’hui 15 millions de pages vues par mois. Et fait évoluer l’État, plus ou moins directement, sur la question de l’Open Data.
« Initialement, c’était presque un peu égoïste. J'avais envie de comprendre l’épidémie. Et je me disais que les graphiques n’intéresseraient personne. Et puis, j’ai vu que d’autres gens étaient intéressés et je les ai partagés. En deux semaines, j’avais 15 000 vues. »
C’est l’histoire d’une belle success-story française. L’histoire d’un data scientist de 24 ans que l’annulation d’un stage au Luxembourg a plongé en mars 2020, depuis sa chambre savoyarde, dans le suivi des données relatives à l’épidémie du coronavirus et propulsé à la tête d’un des sites les plus suivis de France en la matière.
Tout commence par une page blanche écrite en Python postée sur GitHub. Puis Guillaume Rozier rachète le nom de domaine CovidTracker.fr et l’embellit chaque jour, y ajoutant graphiques, données et carte interactives sur l’évolution de l’épidémie au point d’y avoir ajouté des outils comme CoviCarte, permettant de suivre l’activité du virus dans chacune des communes de France, ou encore VaccinTracker, qui surveille l’évolution de la vaccination en France.
Repris par le gouvernement
Le site a progressivement gagné la confiance des professionnels de santé et de millions de citoyens, affichant 15 millions de pages vues par mois pour 1,4 million d’utilisateurs uniques. Et même celle du gouvernement qui, lors de son dernier point presse le 4 mars 2021, s’est appuyé sur les graphiques du site pour justifier sa politique sanitaire.
« Ça prend plusieurs heures par jour et des week-end entiers », nous a confié un Guillaume Rozier, double diplômé de Télécom Nancy et d’une école de commerce, qui jongle désormais entre son travail bénévole pour CovidTracker et son emploi de consultant data scientist chez Octo Technology depuis octobre 2020.
Lorsqu’on lui demande ce qui explique le succès de CovidTracker, Guillaume Rozier confie d’abord « avoir du mal à l’expliquer »avant de tenter de le trouver, entre autres, dans la récompense de la clarté et la pédagogie du site, la crédibilité de ses visiteurs ou les valeurs d’un projet centré autour de l’indépendance financière et la transparence de l’Open Data.
L’Open Data au cœur de l’épidémie
L’Open Data. Le jeune data-scientist en est un fervent défenseur. Début janvier, aux premiers jours de la campagne de vaccination en France, Guillaume Rozier a besoin de chiffres pour alimenter VaccinTracker qu’il vient de lancer. Lorsque le gouvernement accepte de lui fournir ses données sur Telegram, Guillaume Rozier monte au créneau sur Twitter pour réclamer l’Open Data sur toutes les données de santé.
Si aucun lien de cause à effet n’a pour l’instant été établi par L’Informaticien, la Direction générale de la Santé publiait les données de santé, disponibles en Open Data peu après son tweet. Hier encore, la Direction générale de la Santé rendait accessible ses informations concernant les variants après six semaines de « demandes en permanence jusqu’au cabinet d’Olivier Véran ».
« Le gouvernement a énormément a y gagner [sur l’Open Data] du point de vue de la transparence, de la crédibilité ou de la confiance. C’est une arme anti-complotiste », plaide Guillaume Rozier pour qui l’Open Data est un service public.
D’ici là , Guillaume Rozier ne souhaite qu’une chose : Fermer CovidTracker, une fois l’épidémie terminée.