C’est ce qu’on appelle frapper fort. Par le biais d’un mandat, la justice américaine réclame les données susceptibles d’identifier les 1,3 million de personnes ayant visité un site permettant d’organiser des manifestations en marge de la cérémonie d'investiture du Président Trump le 20 janvier dernier.
Le gouvernement américain veut savoir qui sont les agitateurs derrière les émeutes. Et il n’est pas question des tragiques événements de Charlottesville de ces derniers jours, mais des manifestations en marge de l’investiture de Donald Trump en janvier 2017. Dans un mandat, la Cour du District de Columbia exige de l’hébergeur DreamHost qu’il livre à la justice des données qui pourraient permettre d’identifier les 1,3 million de personnes ayant visité le site disruptj20.org.
Le mandat exige de DreamHost qu’il fournisse à la justice « tout enregistrement ou autre information en rapport avec chaque compte et identifiant », « toute information […] susceptible d’identifier les inscrits en lien avec ces comptes et identifiants » ce qui inclut les noms, les adresses mail et postales, les numéros de téléphones, mais aussi « les moyens et sources de paiement (y compris tout numéro de carte de crédit ou de compte bancaire) ».
Peuvent également être saisies toutes données stockées par DreamHost constituant des « preuves » que le site et ses administrateurs sont derrière « l’émeute » du 20 janvier. Et là encore, le magistrat râtisse particulièrement large, englobant le code du site, les logs des requêtes HTTP, MySQL, PostgreSQL, les mails associés, les noms, adresses physiques et tout identifiant des inscrits…
Big Brother par des moyens légaux
Le mandat a été émis le 12 juillet, DreamHost l’aurait rapidement contesté devant la justice avant de le mettre en ligne lundi. Sur le blog de l’hébergeur, pour le moment inaccessible, celui-ci dénonce une démarche « alarmante », un « abus de pouvoir du gouvernement » visant à utiliser ces informations « pour identifier tout individu ayant visité ce site pour exercer sa liberté d’expression, défendue par le Premier Amendement de la Constitution ».
L’hébergeur signale en outre qu’étant donnée sa portée extrêmement large, l’ordre du tribunal violait également le Quatrième Amendement, qui protège les citoyens contre les perquisitions abusives et non motivées. Le Department of Justice n’a pas, au moment où nous écrivons ces lignes, réagi à la publication du mandat.