Ordinateur quantique : Microsoft avance ses pions

L’éditeur de logiciels va prochainement lancer un nouveau langage de programmation pour l’informatique quantique. Ce langage sera intégré dans Visual Studio et comprendra un simulateur d’ordinateur quantique.

Voici une quinzaine de jours, nous assistions à une présentation plutôt trapue sur la cryptographie dans un monde post-quantique. Le chercheur Ludovic Perret expliquait à l’assistance que les logiciels quantiques allaient arriver avant que l’ordinateur capable de les accueillir ne soit disponible et l’annonce faite hier par Microsoft ne peut que le conforter dans sa thèse. En effet, à l’occasion de la conférence Ignite, Satya Nadella a invité plusieurs chercheurs à s’exprimer sur les progrès de l’informatique quantique et laissé l’une de ses collaboratrices annoncer la sortie prochaine d’un nouveau langage de programmation dédié à cette prochaine révolution informatique.

Le nom de ce langage n’a pas encore été dévoilé. Il incorporerait des éléments syntaxiques de C#, Python et F#. Plusieurs exemples de code seront fournis pour permettre aux développeurs d’appréhender les concepts liés à l’informatique quantique. Le « Hello World » d’exemple est même présent. En l’espèce, il s’agit de réaliser une téléportation quantique à l’aide de trois fonctions : Teleport, EPR et TeleportTest, cette dernière servant à vérifier que la téléportation a bien fonctionné. Le principe général de ce programme de test est de forcer l’un des Qubits à prendre une valeur fixe et non plus un état multiple (1 ET 0) ce qui est la caractéristique des Qubits.

Téléportation réussie en 2012 aux îles Canaries

Pour mieux comprendre les notions de Qubits et de téléportation quantique, nous ne saurions trop vous recommander les deux vidéos ci-dessous qui vulgarisent ces deux notions particulièrement complexes. On appréciera tout particulièrement l’humour de Claude Crépeau qui compare les photons à des biscuits chinois pour simplifier son propos sur l’intrication quantique, laquelle permet - sous certaines conditions - la téléportation, une expérience réalisée en 2012 aux Iles Canaries.

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Pour revenir au nouveau langage proposé par Microsoft (Q++ ou Q#) il sera intégré dans Visual Studio, ce qui signifie qu’il disposera des possibilités traditionnelles de l’environnement de développement, à savoir les codes couleurs selon la nature de l’information et également le débogage. Qui dit débogage, dit fonctionnement du programme. Or les ordinateurs quantiques sont encore fort peu répandus.  En conséquence, Microsoft va proposer deux versions d’un simulateur quantique. Une version va fonctionner en local et l’autre dans le cloud Azure. Pour la version locale de 32 qubits, il sera nécessaire de disposer sur son poste de 32 Go de RAM et chaque Qubit supplémentaire nécessitera de doubler cette quantité de mémoire. Dans la version Azure, l’utilisateur disposera d’un maximum de 40 Qubits.

A plus long terme, l’ambition de Microsoft est de proposer son propre ordinateur quantique. L’entreprise de Redmond travaille sur des concepts de Qubits topologiques. Jusqu’à présent, l’un des acteurs les plus avancés dans ce domaine était IBM qui a mis à disposition des développeurs son prototype d’ordinateur quantique qui développe  une capacité de 5 qubits. Google, Atos et D-Wave sont avec Microsoft et IBM les entreprises qui semblent les plus avancées dans un domaine qui révolutionnera (le mot n’est pas trop faible) toute l’informatique à un horizon de 5 à 10 ans pour les premiers et plus vraisemblablement une vingtaine d’années pour une utilisation massive.