De la drogue bien entendu, mais aussi un guide pour hacker des distributeurs Coca-Cola, un template (.PSD) de carte d’identité française, un package de logiciels pour pirates informatiques… Tels sont les biens et les services que l’on trouve sur Dream Market, un des nouveaux supermarchés du dark web ; ou de l’Internet clandestin, comme il convient désormais de l’appeler.
Le site Dream Market regorge de produits, biens et services illégaux.
C’est dans cet univers que le Français Gal Vallerius a baigné pendant des années. Sa spécialité : la vente de drogues en tous genres. C’est peu dire, puisque les autorités américaines le qualifient de « baron de la drogue ». Pas Pablo Escobar, mais presque : cocaïne, LSD, MDMA, amphétamines… Nombreux sont les produits qu’a réussi à écouler cet homme de 38 ans sans se faire attraper.
Sur le forum du site, certains membres s'inquiètent de l'arrestation de Gal Vallerius.
Connu sous le pseudo d’« OxyMonster », il a toutefois commis une erreur en voyageant aux Etats-Unis, pour se rendre à un concours avec des amateurs de belles barbes. Lors d’une escale à l’aéroport d’Atlanta, il s’est fait cueillir, fin août, par les autorités qui se sont saisies de son ordinateur : navigateur Tor installé et un compte sur Dream Market et l’équivalent de 500 000 dollars majoritairement en Bitcoins. Placé en détention, Gal Vallerius n’a contesté ni son identité ni son arrestation. Il devrait prochainement être transféré à Miami.
Un gros poisson pas très discret
Son arrestation n’aura pas été de tout repos. Elle a nécessité la mobilisation de pas moins de cinq « agences » américaines : DEA, FBI, IRS, Homeland Security Investigations et le U.S. Postal Inspection Service. Il faut dire que Gal Vallerius n’est pas n’importe qui. Ce « gros poisson » était surtout administrateur de Dream Market, véritable eBay de l’illégal. Il « est spécialement conçu pour faciliter le commerce illégal en veillant à l'anonymat de ses administrateurs, ainsi que des acheteurs et vendeurs qui participent au commerce sur le site web », écrit la DEA (Drug Enforcement Administration).
Pas très discret sur Internet, Gal Vallerius s'exposait beaucoup.
L’affaire, rapportée par le Miami Herald, explique que Gal Vallerius envoyait tous ses produits depuis la France. En revanche il n’est pas clairement établi que l’homme soit français. C’est en janvier dernier que les enquêteurs américains ont commencé à travailler sur son cas. En août dernier, ils ont pu récupérer l’adresse utilisée pour les transferts d’argent en bitcoin lors des transactions, via LocalBitcoins.com. Bizarrement, Gal Vallerius était tout sauf discret sur Internet : un compte LinkedIn toujours actif (qui le localise en Bretagne), mais aussi des comptes Instagram, Pinterest ou Twitter, tous fermés ou vides. C’est aussi sans compter plusieurs photos de lui sur Google Images ; il est facilement reconnaissable à sa grande barbe !
Pendant plusieurs semaines, les enquêteurs ont comparé son style d’écriture entre réseaux sociaux et le forum de Dream Market et ont découvert « de nombreuses similitudes ». C’est donc ce qui leur a permis de reconstituer le puzzle qui a conduit à son arrestation.