Strava : le dangereux mouchard à l’insu de son plein gré

L’application de Fitness Strava, largement employée par les militaires américains, est victime d’une faille particulièrement dangereuse. En effet, elle dévoile l’emplacement de plusieurs bases militaires américaines, dont la localisation ne devrait évidemment pas être dévoilée.

Puisque désormais il faut être social, c’est-à-dire informer tout le monde sur les plats que l’on avale, les déplacements que l’on fait, les gens que l’on voit, les quizz auxquels on répond et autres avanies numériques, il est donc tout aussi important de prévenir le bon peuple de ses pérégrinations joggeuses. Qu’à cela ne tienne, l’application va tout bien faire pour vous : compter vos pas, afficher votre itinéraire, votre rythme cardiaque et tutti quanti.

Parmi les nombreuses applications qui « trackent » l’activité figure la société Strava qui revendique 27 millions d’utilisateurs dans le monde et 3 000 milliards de données GPS stockées. Tout ceci lui permet d’afficher une jolie carte baptisée heatmap qui recense donc l’activité joggeuse de ses 27 millions de personnes.

Pas de données personnelles mais des informations sensibles

La carte, révélée en novembre 2017, n’est pas disponible en temps réel mais tous ces points chauds de course sont identifiables avec quelques mois de retard. Mais là où le bât blesse c’est que la localisation des courses se fait partout où les coureurs courent. Aussi, lorsqu’il s’agit d’identifier Paris ou New York, la fameuse HeatMap permet d’identifier des flots de couleurs rouges et jaunes pour les parcours. Aucune donnée personnelle n’est affichée et vous saurez donc – quelle surprise ! – que de nombreux bipèdes gambadent dans les allées du bois de Boulogne ou de Central Park. Et alors ? Et alors rien !

Mais la situation n’est pas la même lorsque vous examinez la carte d’Irak, de la Syrie, du Yémen, de l’Afghanistan, de la Somalie et, de manière générale, de n’importe quelle zone de conflits. Dans ces conditions, le petit nombre d’informations donne à coup sûr l’emplacement de zones militaires et en pistant un peu les trajets, on découvre sans difficulté des bases militaires secrètes. Voilà qui fait désordre.

Exemple d'une base française an Niger repérable avec Strava

Conscient que cela peut être très préjudiciable à la sécurité des troupes, les autorités américaines (ainsi que d’autres pays) ont indiqué rapidement prendre des mesures. De même Strava ne s’est pas cachée derrière son petit doigt et a indiqué vouloir trouver une solution dans les meilleurs délais. On appréciera la prise de conscience mais on continuera à déplorer l’incroyable amateurisme qui perdure eu égard à l’extrême dangerosité des lieux dans lesquels ces militaires opèrent.