OVNI compte ici pour Objet Valorisé Non Identifié : Spotify prépare son introduction en bourse le 3 avril. La société suédoise brille par son originalité, demandant une cotation directe, sans émission de nouvelles actions, et réalisant sa conférence investisseurs de manière plutôt inhabituelle. L’évènement a été l’occasion d’en apprendre un peu plus sur la plateforme de streaming musical.
C’est en T-shirt, jeans, basket que le fondateur et CEO de Spotify, Daniel Ek, a ouvert la conférence dédiée aux investisseurs, mais diffusée en direct et consultable librement, chose inhabituelle pour ce genre d'événement. L’entreprise suédoise se la joue décontractée, alors qu’elle entrera en bourse dans quelques jours, le 3 avril. Et là encore, la plateforme de streaming musical cultive sa singularité en procédant à une introduction « directe ».
Ce qui signifie que Spotify entrera en bourse sans émettre de nouvelles actions, les investisseurs actuels se voyant proposer de céder directement leurs actions, à un prix qui n’est pas encore connu. Valorisée 19 milliards de dollars, l’entreprise révèle qu’elle compte 159 millions d’utilisateurs mensuels actifs, dont 71 millions d’abonnés payants. Elle surclasse donc sans difficulté Apple Music, avec ses 38 millions d’abonnés payants. Spotify est présent dans 61 marchés et annonce un taux de désabonnement en recul, autour de 5% aujourd’hui.
La rentabilité n’est pas au rendez-vous
Le chiffre d’affaires du Suédois progresse d’une année sur l’autre, atteignant 4 milliards d’euros en 2017, mais ses pertes se creusent, 1,2 milliard net l’an passé. Mais Spotify n’en a cure, la rentabilité n’est pas son objectif premier, contrairement à la croissance de sa base. Car ses abonnés payants représentent en 2017 90% de son chiffre d’affaires. Et les accords de licence avec les majors et les artistes son principal poste de dépenses, en hausse de 27% l’année dernière. Depuis sa création en 2008, Spotify a versé 8,5 milliards d’euros en droits d’auteur.
C’est d’ailleurs un des principaux risques pour les futurs investisseurs, des redevances importantes dont les montants sont sujets à variation. La plateforme ne s’en cache pas, indiquant lors de sa conférence ne pas pouvoir « garantir que nous générerons suffisamment de revenus grâce à nos activités premiums et publicitaires pour compenser de tels coûts. Si notre chiffre d’affaires ne parvient pas à dépasser les coûts opérationnels, nous ne pourrons pas atteindre la rentabilité de manière pérenne ».
Autre problème de Spotify, les grands méchants GAFAM, qui entrent sur son marché. Qu’il s’agisse de Google avec YouTube ou d’Apple et Apple Music, ces concurrents pèsent dans la balance, d’autant que ces géants disposent d’un nouvel argument choc : les enceintes intelligentes. Un terrain sur lequel l’entreprise suédoise pourrait se lancer. Et comme le dit si bien Jacques "Cortana" Séguéla, « si en 2018 tu n’as pas un assistant vocal, t’as raté ta vie » : Spotify teste depuis mi-mars un assistant vocal intégré à son application auprès d’un échantillon d’abonnés. Certains y voient la base d’un futur haut-parleur estampillé Spotify.