Rifft, de la French Tech au palais de justice

Lucas Goreta, fondateur et PDG de cette startup développant des objets connectés, a été mis en examen pour escroquerie. La justice le soupçonne d’avoir organisé des campagnes de financement participatif pour financer des produits qui n'ont jamais été commercialisés. 

Si vous vous intéressez au monde des startups, vous avez sans doute déjà entendu parler de Rifft. Créé en 2014, cette startup a développé trois produits : le bracelet connecté CT Band, deux « innovation awards » au CES 2017 et moult articles de presse et reportages, le robot Fuzzy et Wi Surf, une station de charge à induction pour smartphones, tablettes et drones, récompensée elle par deux « awards » lors du CES Unveiled Paris en prévision du CES 2018. Avec ce beau palmarès, la jeune pousse était un des fleurons les plus en vue de la French Tech.

Mais tout ceci n’aurait été qu’une vaste escroquerie, selon Nice Matin. Le quotidien régional rapporte que le PDG de Rifft, Lucas Goreta, a été interpellé début mars et transféré au tribunal d’Annecy où il a été mis en examen pour escroquerie. A l’origine de cette arrestation, des plaintes d’anciens employés et de souscripteurs. Car Rifft finançait ses « innovations » à grands coups de campagnes de crowdfunding.

Des produits jamais commercialisés

A en croire les chiffres avancés par Nice Matin, la jeune pousse a levé en deux ans plus de 4 millions d’euros auprès d’au moins 8000 participants. Et on comprend aisément la raison de cet engouement, l’entreprise proposant en contrepartie des royalties sur les ventes futures des produits en cours de développement et un système de parrainage permettant de remporter un pourcentage de l’investissement des filleuls. Ce qui ressemble à s’y méprendre à un système de Ponzi, mais pourquoi se méfier, Rifft pouvant se targuer du label French Tech, de récompenses au CES et d’un éclairage médiatique.

Sauf que les promesses de rétribution et les produits annoncés tardaient à se concrétiser et certains « backers » ont saisi la justice. Qui a tiqué, puisque le PDG, Lucas Goreta, avait été condamné en 2007 à 18 mois de prison avec sursis et cinq ans d'interdiction de gérer une entreprise pour escroquerie, nous apprend notre confrère azuréen. A l’époque, point de startup mais un fonds de pension.

L’histoire ne dit pas, pour le moment, s’il a été envisagé ou non de réellement commercialiser les produits développés et financés. La startup, basée à Sophia-Antipolis, compte une vingtaine de salariés. Son site, rifft.fr, est ce matin indisponible. Idem pour le site de crowdfunding créé par Lucas Goreta. Le site dédié à CT Band est lui toujours accessible, à l’exception de la page Précommandes, « pour cause de maintenance ». Un mandataire judiciaire aurait été nommé par le juge à Annecy afin de liquider la société.