La justice russe ordonne le blocage de Telegram

Puisque Telegram refuse de donner ses clés de chiffrement au FSB, Telegram sera bloqué en Russie. C’est en substance la décision d’un tribunal moscovite saisi par le gendarme des télécoms russe. Pourtant, il est d’ores et déjà certain que la décision sera contournée, de l’aveu même du Kremlin.

La justice russe avait été saisie par le régulateur des télécommunications, Roskomnadzor, qui sommait Telegram de fournir les clés de chiffrement aux autorités, et en particulier au FSB. Et c’est devant les bancs vides de la défense que le tribunal de Moscou a ordonné le blocage du service de messagerie chiffré sur le territoire russe.

Au grand dam de certains membres du gouvernement russe, le ministère des Affaires étrangères ou celui de la Communication, qui reconnaît clairement que la mesure peut être -et sera- contournée. Pendant ce temps, les avocats de Telegram ironisent, remerciant la justice russe du coup de com’ en faveur de l’application.

Pas de reddition

De son côté, le juge estime que « les informations diffusées par Telegram peuvent contenir des données utilisées par des terroristes et des extrémistes ». Le régulateur des télécoms avait déjà menacé de faire bloquer Telegram en juin dernier, exigeant de Pavel Durov qu’il inscrive sa société au registre des « diffuseurs d'informations ». Bon gré mal gré, celui-ci s’était finalement exécuté. Mais sur la question des clés de chiffrement, le jeune patron a tenu bon.

Pavel Durov est, avec son frère Nikolai, le fondateur de Vkontake, le Facebook russe. Il avait perdu le contrôle de la société en 2014, après s’être accroché avec le Kremlin sur plusieurs questions, celles notamment des données personnelles de certains utilisateurs que Durov refusait de transmettre au FSB et de la création de Telegram, domicilié à Berlin. Après avoir été démissionné de sa société, Paval Durov avait quitté la Russie pour l’Allemagne.