Les trois fabricants se sont-ils entendus pour contrôler la production de mémoire DRAM et faire flamber les prix à la faveur de l’explosion de la demande ? C’est ce que soupçonnent des plaignants américains qui ont déposé un recours collectif début mai, mais aussi les autorités chinoises qui viennent d’ouvrir une enquête.
Samsung, Micron et SK Hynix détiennent à eux trois 96% du marché de la DRAM. Un marché en très forte croissance, dont les revenus ont augmenté de plus de 75% l’an dernier sous l’effet d’une hausse de la demande, notamment pour l’équipement des smartphones en mémoire vive. Les prix ont suivi cette tendance, grimpant de 5 à 20% sur un an.
A moins que les trois fabricants précités n’aient quelque peu perturbé les conditions de la concurrence pure et parfaite du marché. Samsung, 44,9% du secteur, SK Hynix, 27,9% et Micron, 22,6%, sont soupçonnés de s’être entendus sur les volumes à produire de sorte à faire monter les prix. Une poignée de plaignants ont déposé début mai une plainte allant dans ce sens et demande sa qualification en class action.
Tout un DRAM
Dans leur plainte, ils affirment que les trois fabricants « ont pris une décision presque simultanée en 2016 de restreindre la croissance de l'offre de DRAM pour stopper la tendance à la baisse sur les prix et, de fait, pour faire monter les prix des DRAM à la hausse. Commençant au plus tard début 2016, à travers des déclarations aux investisseurs et à l'industrie, Micron a appelé Samsung et SK Hynix (les deux autres fabricants de DRAM) à s'engager dans une régulation de l'offre ».
Et on apprend désormais que Pékin lui aussi craint qu’il n’y ait quelque chose de pourri au royaume de la DRAM. Samsung a confirmé à Reuters avoir reçu la visite d’inspecteurs de l’autorité chinoise en charge de la concurrence. La Chine enquête donc sur une possible collusion entre les trois entreprises.
Le pays est en effet doublement atteint par cette brutale hausse des prix.
D’un côté, la Chine représente 20% des importations mondiales de DRAM et la hausse des prix, surtout si elle est artificielle, est dommageable aux constructeurs qui tentent de maintenir les prix de leurs produits le plus bas possible. De l’autre, on a le récit d’une OPA échouée quand en juillet 2015 le Chinois Tsinghua Unigroup tentait de racheter Micron pour 23 milliards de dollars. L’opération aurait permis à l’entreprise chinoise de s’installer parmi les géants de la DRAM mais le deal avait finalement été rejeté par la direction de Micron. Le coup de pression a-t-il été suffisant pour que Micron, comme semblent le supposer les plaignants américains, appellent ses camarades à s’entendre sur les prix ?