Si aux Etats-Unis l’éditeur est dans le registre de la supplique, Kaspersky joue le rapport de force contre l’UE. Tout est parti d’une petite phrase glissée dans un rapport sur la cyberdéfense de la commission des Affaires Etrangères du Parlement européen, qui cite nommément Kaspersky Lab comme « malveillant » ou « potentiellement dangereux ».
C’est une formulation qui passe mal auprès du grand ponte russe des antivirus. Au point 76 du rapport sur la cyberdéfense de la commission des Affaires étrangères du Parlement européen, les eurodéputés ont recommandé « à l’Union de procéder à un examen complet des équipements logiciels, informatiques et de communication, ainsi que des infrastructures utilisées dans les institutions afin d’exclure les programmes et appareils potentiellement dangereux et d’interdire ceux qui ont été confirmés comme malveillants, comme Kaspersky Lab ».
Ouch ! Le principal intéressé, nommé dans ce texte, n’a guère apprécié. Alors que le texte a été voté en plénière mercredi, Eugene Kaspersky s’est fendu de deux tweets rageurs à l’encontre du Parlement européen et de sa décision. « Nous avons protégé l'UE pendant 20 ans en travaillant avec les forces de l'ordre menant à de multiples arrestations de CYBERCRIMINELS » rappelle le patron de l’éditeur.
Chantage affectif
Il est vrai que Kaspersky a maille à partir avec les accusations de collusions avec le Kremlin et les renseignements russes, accusations qui fusent des deux côtés de l’Atlantique. Devant Washington, l’éditeur proteste énergiquement et fait l’étalage de sa bonne volonté, proposant d’être entendu par le Congrès et allant jusqu’à déplacer une partie de ses activités en terrain neutre, la Suisse.
Mais face à Bruxelles, le ton change. Echaudé par ce point 76 qui le désigne, selon les interprétations, comme un acteur « potentiellement dangereux » ou « confirmé comme malveillant », mais dans les deux cas à bannir des institutions, Eugene Kaspersky a tranché dans le vif en annonçant le gel de toute coopération avec les organisations européennes. « Nous sommes obligés de geler notre coopération avec les orgs, y compris @Europol & #NoMoreRansom » tweete-t-il. « La manière dont nous avons mené le partenariat public-privé est malheureusement interrompue jusqu'au retrait de la décision du Parlement européen ».